Gourcuff n'a pas fini d'en entendre parler...

Info rédaction, publiée le 30 mai 2012

D'un évènement, on dit qu'on le reconnaît en cela qu'il est relayé dans les médias, qu'on en analyse les causes et qu'on en discute les conséquences. Malgré le peu de questions que le départ de Gourcuff du groupe France pouvait soulever, cette annonce a pourtant fait vibrer le monde du football. A se demander ce qui peut tant susciter la controverse chez ce joueur.
On a entendu beaucoup de choses à propos de la non-sélection de Yoann Gourcuff. D'abord, les analyses froides et logiques, à peu près toutes recevables, d'après lesquelles le meneur de jeu breton payait là ses mois de galère physique, sa faible réussite à Lyon depuis 3 ans et son manque évident de repères de jeu au sein des Bleus. "Ce n'est pas une surprise pour moi, expliquait Bixente Lizarazu mardi sur RTL [...] On ne peut pas effacer en l'espace de quelques matches deux ans de galère." Une analyse un tantinet éloignée de celle que l'ancien latéral des Bleus tenait dimanche soir sur TF 1 lors de France - Islande, où il avait trouvé le milieu de terrain "au point physiquement."
Le pari perdu de Blanc
Mais au-delà de ça, l'éditorial du champion du monde 1998 sous-entend que le choix de Laurent Blanc de présélectionner le joueur qui a porté Bordeaux durant une saison et demie n'était pas le bon: "Il arrivait dans un timing qui était trop serré pour participer à l'Euro." D'où l'idée que Gourcuff ait pu être rappelé pour ses facultés naturelles et son état d'esprit qui se fond dans le collectif et non pas sur sa seule forme du moment. Raymond Domenech ne disait d'ailleurs pas autre chose aux journalistes du quotidien Ouest-France: "Il méritait d'y aller sur son talent mais pas sur sa saison." L'ancien sélectionneur des Bleus n'arrive pas à trancher: "Sur ce qu'il est capable de faire, oui, ça passe. De toute façon, c'est le sélectionneur qui décide en fonction de ce que lui a imaginé."
Une manière de relancer le débat: Pourquoi Laurent Blanc a-t-il donc appelé Gourcuff si c'est pour le renvoyer chez lui au bout d'une semaine ? C'est la question que pose en creux René Girard lorsqu'il avoue à L'Equipe : "S'il l'a fait revenir, je pensais que ce serait pour l'emmener jusqu'au bout." A l'inverse, l'entraîneur champion de France indique qu'il n'aurait pas été étonné "s'il n'avait pas été pris dans les 26." Blanc a tenu à appeler Gourcuff, probablement contre vents et marées, priant au fond de lui pour que celui que les observateurs en tout genre avaient peu charitablement surnommé 'Chouchou' valide ses choix. Le sélectionneur s'épargnait ainsi toute forme de culpabilité, avec le sentiment d'avoir fait le maximum pour faire revenir son meneur de jeu à son niveau. Peine perdue.
Les commentaires médiatiques en question
On ne peut douter que l'excellente relation qu'entretient Blanc avec son ancien joueur a présidé à sa décision et celle-ci est pavée de bonnes intentions. Comme l'enfer, diront certain. Mais personne ne peut juger cruel de sa part d'avoir tenté sa chance jusqu'au bout avec lui. "Qu'auraient dit les médias si Laurent ne l'avait pas pris ?" reprend Girard qui, après avoir vu le match de l'Islande, n'avait pas beaucoup de griefs à opposer au Lyonnais. "La faiblesse sur ce match-là, ce n'est pas Yoann, mais le comportement collectif de l'équipe." Une façon d'éteindre les flammes qu'avaient ravivés les journalistes en direction du joueur formé à Rennes pour sa prestation que d'aucuns avaient trouvé "insipide." Girard est d'ailleurs ainsi rejoint par son collègue Rémi Garde, le mieux à même de juger les performances de Gourcuff: "En dépit de tout ce qui se dit et s'écrit, c'est un joueur qui a fait beaucoup d'efforts ces dernières semaines pour atteindre cet objectif."
Quoi qu'il en soit, l'absence du Lyonnais n'a pas fini de faire parler, à commencer par les proches du joueur, comme Tiburce Darou, qui était intervenu comme préparateur physique auprès de lui. Celui qui officie aussi pour le FC Lorient a estimé sur RMC que "jouer avec Gourcuff à l'Euro, ça aurait posé un problème médiatique." Il est vrai que la presse n'a jamais eu de cesse de mettre en cause le joueur pour un caractère jugé distant qui le mettait "en marge du groupe" d'après Le Parisien, sans oublier le sempiternel manque de mental repris dans tous les services sport du pays ou le gimmick de "fils spirituel de Laurent Blanc" que n'a pas manqué de renouveler France Football. "On l'a assommé avant et on l'assomme après. On veut le tuer, ou quoi ?" s'insurge Darou. Sans aller jusque là, il est certain que Yoann Gourcuff est un joueur que le monde du football s'est évertué à classer à part depuis son explosion médiatique et sportive. Le traitement de sa non-sélection, qui ne tenait pourtant pas de l'évènement sportif de grande ampleur, n'aide pas à se persuader du contraire.(chronofoot )