Actu foot
Depuis
son éclosion au plus haut niveau, Yoann Gourcuff a suscité bien des
interrogations, bien des mots critiques sur sa valeur réelle à la vue du
niveau de ses performances en club ou avec l’Équipe de France. Mais qui
est réellement Yoann Gourcuff ? Ne peut-on pas le considérer autrement
que par le prisme médiatique de la performance statistique ? APP vous
propose de lire autrement ce joueur.
« Si tu prends le monde comme il vient, il te prendra doucement. »
(Proverbe Breton)
Le 11 juillet 1986, à Ploemeur dans le
Morbihan, Yoann Gourcuff voit le jour. Fils d’un ancien professeur de
Mathématiques, également joueur de football professionnel du début des
années 70 jusqu’à la fin des années 80, devenu théoricien du football,
prônant le jeu à la nantaise et donc entraîneur du FC Lorient depuis 2003, Yoann a déjà une porte ouverte sur le monde du football.
Entre ses 12 et 14 ans, Gourcuff suit
paisiblement son cursus de formation au FC Lorient, au sein du centre de
préformation de Ploufragan. En 2001, il rejoint le centre de formation
du Stade Rennais où exerce son père en tant qu’entraîneur. En 2003, il
signe son premier contrat professionnel avec le club breton en dépit des
sollicitations de l’Ajax Amsterdam, Arsenal et Liverpool. Il remportera
cette même année la Coupe Gambardella avec les jeunes de Rennes. Il
fait sa première apparition en L1 le 7 février 2004 contre l’AJ Auxerre
et participera à 21 matchs la saison suivante, dont 6 comme titulaire,
avec l’équipe première qui terminera 4ème de Ligue 1.
La saison 2005-2006 révèlera Yoann
Gourcuff au grand public. Aligné à 28 reprises comme titulaire, il
réalise une saison très prometteuse, inscrivant même un but au grand OL
de l’époque (lors d’une victoire 1-4 du Stade Rennais à Gerland). Ne
prolongeant pas son contrat chez le club breton, il s’envole pour le
Milan AC pensant y gravir une nouvelle marche vers le top niveau.
Les médias italiens lui font porter un
lourd héritage : il est alors considéré comme le nouveau « Zidane » pour
la renommée de ses élégantes qualités techniques. Hélas, le contingent
des milieux offensifs y étant trop fourni parmi les Pirlo,
Seedorf, Kaka, Gattuso ou Ambrosini, son temps de jeu est famélique. À
l’arrivée de Ronaldinho, la concurrence s’annonce encore plus féroce. Il
répond à l’appel de Laurent Blanc et Jean-Louis Triaud pour rejoindre
les Girondins de Bordeaux en 2008 sous forme de prêt. La saison 2008/09
est donc l’avènement de son talent, Yoann Gourcuff éblouit la Ligue 1 et
le jeu des Girondins. Son influence dans le jeu et son entente avec
Chamakh, Trémoulinas, et consorts, hissent les Bordelais sur le toit de
la Ligue 1, enlevant le titre à l’ogre Lyonnais, détenteur depuis 7
années de rang. Gourcuff inscrit quelques buts somptueux face à Toulouse et au Paris SG. Il est récompensé du titre de meilleur joueur de Ligue 1 et du plus beau but de la saison.
« Il n’est ni homme ni chose sans son défaut, et souvent ils en ont deux ou trois. »
(Proverbe Breton)
La saison 2009/10 sera tronquée par de
nombreuses blessures. Son rendement est divisé par deux, il passe de 12
buts inscrits la saison précédente à 6 sur cette saison-là. Le jeu des
Girondins pourtant si remarquable lors de la première moitié de saison
est soudainement très nettement en déclin.
Ses premières sélections convaincantes
chez les Bleus en fin d’année 2008, notamment une frappe magnifique
contre la Roumanie de 35 mètres sous la barre transversale, lui ont
capitalisé un crédit lui permettant d’être sélectionné et de disputer la
Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.
C’est avec l’image d’un joueur qui pose
question dans les médias, de par son éventuelle fragilité physiologique,
qu’il intègre le groupe de l’Équipe de France. Sa discrétion dans les
journaux nourrit les fantasmes et les critiques pleuvent. L’écart entre
son niveau de l’année 2008/09 et celui avec lequel il se présente au
Mondial suscite bien des doutes, au point même qu’il ne bénéficierait
pas de la considération de ses partenaires des Bleus qui le privent de
ballon. À l’époque, si vous vous en souvenez bien, un énigmatique
contentieux entre Ribéry et lui est véhiculé dans la presse.
Dans son livre publié fin novembre,
Raymond Domenech, l’ancien sélectionneur, fait clairement état de la
disgrâce du joueur. Son caractère réservé, presque introverti, engendre
le rejet de ses coéquipiers, déjà parvenus au plus haut niveau avec
leurs clubs respectifs.
Au sortir de ce piteux Mondial des
Bleus, Yoann Gourcuff connaît une longue période de deux années au cours
desquelles il ne parviendra pas à retrouver son niveau tenu chez les
Girondins, avec l’OL qu’il rejoint en août 2010 pour 22 millions
d’euros. Les blessures ne cessent encore de ponctuer son évolution. Dans
le reportage de Canal +, « Intérieur Sport », il est évoqué sa prise
d’initiative déterminante lors du début de stage à Tignes des joueurs de
l’OL cet été. Devant le groupe, Yoann Gourcuff se lance dans un
discours pour expliquer les raisons de son mutisme, de son isolement
avec celui-ci. Il confie notamment qu’il ne pouvait pas se montrer des
plus heureux tout simplement parce qu’il ne parvenait plus à retrouver
des sensations disparues, handicapé par tant de blessures.
« On est forcé de subir, pas d’aimer »
(Proverbe Breton)
Depuis, l’on sait tous que sa
préparation physique et son niveau affiché lors des rencontres amicales
de l’OL, cet été, ont été plutôt remarquables. Même durant la
rééducation de sa dernière blessure contractée lors de la 2ème
journée de championnat, son investissement physique a pu impressionner.
Gourcuff est capable, de par son abnégation, d’abattre un travail
colossal. Il a même surpris une préparatrice physique qui avait vu
Patrick Vieira moins performant dans un exercice de footing à rythme de
course élevé : Gourcuff atteignait les 22km/h, au-delà des 18 fixés en
objectif de départ.
Face à la caméra, c’est un homme
pudique, calme et tranquille. Mais méfiant. Il anticipe les conséquences
de ses mots avant même de les avoir prononcés. Ainsi, il explique qu’il
estimait inutile de tenter de faire cesser le flot des critiques qu’il
jugeait blessantes, injustifiées, irrationnelles dans les journaux : « Qu’est-ce qui vous donne la preuve, aujourd’hui, j’aurais réagi comme ça [ndlr : s’expliquer publiquement pour faire stopper les critiques],
et il n’y aurait pas eu polémique derrière ? Parce que de dire « Stop !
Arrêtez ! », …mais le mec qui écrit, le mec qui fait une émission(…), il dit, il fait ce qu’il veut…Il fait ce qu’il veut… »
Préférant que l’on parle de lui comme
footballeur, pas comme homme, sans doute pour protéger sa vie privée,
son besoin d’intimité dans un monde où les footballeurs sont starisés,
scrutés à la loupe dans leurs moindres faits et gestes, y compris et
même surtout en dehors du terrain, Yoann Gourcuff détonne, fait presque
« hors-norme » dans son absence de présence médiatique. Alors,
posons-nous la question : faut-il être narcissiquement en recherche
d’exposer, perpétuellement, sa belle gueule pour faire de soi un bon
footballeur ? Est-ce qu’un excellent footballeur, un professionnel hors
pair se doit d’être un excellent communicant ? Est-il nécessaire de
connaître dans les plus menus détails les mœurs de tout individu ? Et
pouvons-nous encore aujourd’hui faire preuve d’effort pour forger notre
opinion, à savoir que la réalité des choses à appréhender est infiniment
et éternellement complexe, impossible à simplifier bien que la raison
humaine ait, par nature, besoin de cela ? Certaines personnes, certains
joueurs, ont peut-être besoin de ce regard-là, de se sentir appréciés et
soutenus avec indulgence pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Yoann
Gourcuff fait peut-être partie de ceux-là…
Auteur : Kévin Boucard
Travailleur social et médiateur familial,
APP me permet de renouer avec ma passion la plus ancienne: décortiquer
et partager toute l'actu du foot ! C'est une "addiction" qui m'a frappé
dès mes 10 ans ! (Au Premier Poteau
,Le bon appel de l'actu foot)
J'aime bien les proverbes bretons !
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