à situer le vrai niveau de l’O L cette saison ?
C’est vrai que depuis deux saisons,on connaît des crises. On a eu des trous, on est tombés bien bas, mais on a su rebondir, continuer à travailler et remonter. Mais je pense aussi que les médias ont un rôle
par rapport à certains joueurs, au coach, au club… Ça ne fait pas forcément du bien à tout le monde…
Vous déplorez trop de pression médiatique ?
On ne peut pas dire qu’on a la pression, comme dans certains clubs. Mais c’est vrai que parfois, ça va loin avec certaines personnes et forcément ça touche le groupe.
Donnez-nous un exemple ?
A l’image de Yoann (Gourcuff) ou du coach. On est des footballeurs mais derrière, on est aussi des hommes, avec des familles. Nous, on encaisse et on ne montre rien car ça fait partie de notre métier,
qu’on soit bons, pas bons, qu’on nous taille, qu’on nous encense, on fait avec. Forcément on a beaucoup d’attente par rapport à des investissements forts sur des joueurs, même si ceux-ci n’y sont pour rien. Prenez par exemple Kader Keita. On lui reprochait d’avoir coûté 18 millions d’euros. Mais lui n’avait rien demandé et les 18 millions, il ne les avait pas mis dans sa poche. Seulement dès
qu’il n’était pas bon, c’était : “Ouais, bah regarde, lui, il vaut 18…” Ça met une pression supplémentaire et ce n’est pas facile. Pour qu’un collectif aille bien, il faut que les individualités
soient en pleine confiance. Chaque joueur s’est fait huer un jour. Moi, par exemple, ma première
année à Lyon (2003-2004) s’est mal passée. Je me faisais siffler mais l’équipe tournait bien.
Il y a toujours des joueurs pris en grippe, des boucs émissaires. Certains le prennent bien, d’autres non. On peut alors plonger ou relever le défi, ça dépend des caractères. Moi, je pars du principe qu’il faut
toujours répondre par le terrain. Parce qu’on peut s’en prendre à la presse, parler des heures et des heures, mais de toute façon, c’est sur le terrain qu’on peut donner sa meilleure réponse.
Mais Yoann Gourcuff a beaucoup de mal à s’imposer à l’OL et on craint de plus en plus que son transfert soit un flop ? Encore une fois, la meilleure réponse qu’il pourra apporter, ce sera sur le terrain.Par contre, il ne faut pas oublier aussi qu’il a connu l’après-Coupe du monde, j’en parlais d’ailleurs récemment avec Yoann. A Bordeaux, quand il a repris, Tigana leur a laissé 15 jours. Pour moi, arriver à couper en 15 jours, c’est inconcevable. Surtout après les événements de l’été dernier… Nous à Lyon, on a eu trois semaines et demie. Et c'était déjà court.
Il vous a dit que c’était dur pour lui ?
Mais je sais que c’est dur ! Car j’ai connu ces difficultés quand je suis arrivé de Valence.
Le championnat espagnol s’était terminé beaucoup plus tard. Et 15 jours après, j’étais à Lyon.
Je n’avais pas assez coupé mais j’arrivais dans un nouveau club, et forcément dans ces cas-là, on est
content, emballé et on veut en faire plus que d’autres parce qu’on est une recrue. Et encore, moi, c’était pas un gros transfert ! ( Il rigole) Mais on veut se montrer, prouver qu’on a le niveau et qu’on a eu raison de nous recruter. Et on veut tellement en faire plus que d’habitude qu’on fait n’importe quoi…C’est pour ça que j’avais vécu une première saison difficile à Lyon, avec des blessures, beaucoup de choses… Et puis c’est vrai que son accueil à Lyon en début de saison, ça a été du jamais vu. Pour mettre plus de pression, on ne peut pas faire mieux
C’était une erreur ?
Moi, ça m’a fait rire parce que ce n’était pas dans nos coutumes. Au Real, oui. A l’époque, je disais en rigolant :“OK, si c’est un nouveau mode de présentation, à l’espagnole, pas de souci, mais que ce soit lui tout seul !” Il ne fallait pas qu’on aille avec lui, il nous a entraînés dans sa galère ! Bon, c’était bien parce que ça montre qu’on compte sur lui, que c’est la star de l’équipe et tout… Mais ce n’est pas quelqu’un qui recherche ça. Donc forcément ça met beaucoup de poids sur ses épaules.
Oui, on le sentait mal à l’aise ce jour-là, gêné ? Mais nous, c’était pareil. Parce qu’on n’avait pas l’habitude. C’est vrai que c’était sympa mais forcément on attend beaucoup après. Et on sait qu’en football, on n’a pas de temps. Tout le monde veut
beaucoup et tout de suite : les supporters, les journalistes… Alors qu’il faut aussi laisser un temps d’acclimatation. Mais je trouve que certains articles sont allés loin avec lui parce ce qu’on ne parlait même plus de football, c’était de l’acharnement. On a alors envie de dire : “Ouais, lâchez-le un peu.”
Car même si on ne lit pas la presse, il y a toujours quelqu’un pour vous rapporter des trucs.
C’est ça le plus terrible. En tout cas, dans le groupe, Yoann vit super bien. C’est un super mec.
Oui mais quand on starifie un joueur comme Gourcuff, ça peut créer des jalousies dans le vestiaire ?
(Il hésite) Pour ma part, non. Mais forcément oui, il y a toujours des egos (Sourire).
Comme partout. Mais je ne ressens pas ça dans le groupe. Et puis après la gestion des concurrents et des egos ça, c’est le boulot du coach. On est avant tout collègues et coéquipiers sur le terrain, c’est notre métier. Après en dehors, on peut très bien ne pas manger ensemble, ne pas s’appeler, ne pas être potes. Faut pas se voiler la face, on n’est pas tous amis. Il y a des affinités avec certains plus que
d’autres, heureusement d’ailleurs. Et puis, faut pas non plus oublier que “Yo” est arrivé en pleine crise et ça, c’est dur. S’il avait signé dans la belle équipe de Lyon, si ça se trouve, on ne parlerait même pas de lui à l’heure actuelle parce qu’il serait très bien.
Seulement, on ne peut pas dire : “Voilà, on achète Yoann Gourcuff, et d’un coup de baguette magique,
il va nous refaire le jeu de l’OL à lui tout seul et débloquer toutes les situations.”Il ne fallait pas non plus attendre trop de lui. C’est pas Zorro. (ITW lyon capitale)
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