A propos
Ce blog est né en mars 2009. D’abord généraliste, il s’est concentré sur l’aspect tactique du football, au fil de ses publications, reprenant le concept de Zonal Marking outre-Manche. Début 2012, un partenariat avec Eurosport lui offre une tribune hebdomadaire sur le site de la chaîne.
Florent TONIUTTI
51 Rue des Remparts, 33000 Bordeaux.
Mail : chroniquestactiques@gmail.com
Lyon 2-2 Marseille, l’analyse tactique
L’un voulait remonter au classement, l’autre souhaitait se relancer. Finalement, personne n’a réellement avancé hier au Stade Gerland. Dominateur pendant la majeure partie de la rencontre, l’OL a affiché un beau visage mais a laissé filer deux points. Complètement dépassé pendant une heure, l’OM s’en est sorti miraculeusement mais ne semble pas avoir subi le moindre « électrochoc » après l’éviction d’Elie Baup.
Ce blog est né en mars 2009. D’abord généraliste, il s’est concentré sur l’aspect tactique du football, au fil de ses publications, reprenant le concept de Zonal Marking outre-Manche. Début 2012, un partenariat avec Eurosport lui offre une tribune hebdomadaire sur le site de la chaîne.
Florent TONIUTTI
51 Rue des Remparts, 33000 Bordeaux.
Mail : chroniquestactiques@gmail.com
Lyon 2-2 Marseille, l’analyse tactique
L’un voulait remonter au classement, l’autre souhaitait se relancer. Finalement, personne n’a réellement avancé hier au Stade Gerland. Dominateur pendant la majeure partie de la rencontre, l’OL a affiché un beau visage mais a laissé filer deux points. Complètement dépassé pendant une heure, l’OM s’en est sorti miraculeusement mais ne semble pas avoir subi le moindre « électrochoc » après l’éviction d’Elie Baup.
Aucune surprise à signaler au coup
d’envoi, d’un côté comme de l’autre. Après la parenthèse à trois
derrière face au PSG, l’OL est revenu à son nouveau classique : le 4-4-2
en losange. Petit ajustement toutefois, c’est Gourcuff qui a débuté en
soutien des deux attaquants, Grenier évoluant un cran plus bas aux côtés
de Fofana (Vercoutre – Miguel Lopes, Bisevac, Umtiti, Bedimo – Gonalons
– Fofana, Grenier – Gourcuff – Lacazette, Gomis). Côté marseillais, la
révolution attendra : le 4-2-3-1 d’Elie Baup était toujours en place
hier soir. Valbuena absent, c’est Thauvin qui s’est retrouvé en soutien
de Gignac. J.Ayew en a profité pour récupérer le poste côté droit
(Mandanda – Fanni, Nkoulou, Diawara, Mendy – Lémina, Cheyrou – J.Ayew,
Thauvin, Payet – Gignac).
Surnombre et première passe :
Avant même le coup d’envoi, l’OL gagnait
naturellement la bataille du nombre dans l’entrejeu face aux milieux de
terrain marseillais grâce à son losange. Et les premières minutes de la
partie ont confirmé cette hypothèse, Gourcuff étant « l’homme en plus » dans ce combat. Constamment disponible, l’ancien Bordelais a totalement « défait »
le travail de pressing qu’auraient pu accomplir Cheyrou ou Lémina sur
Grenier et Fofana. Sur ce point, les milieux marseillais n’ont pas été
aidés par la passivité de leur première ligne (Gignac, Thauvin) et de
leurs partenaires excentrés (Payet, Ayew). Associés aux avants-postes,
Gignac et Thauvin ont trop « laissé faire » : en se
positionnant à hauteur de Gonalons, les deux hommes n’exerçaient aucune
pression (ou trop peu) sur Bisevac ou Umtiti. Ces derniers ont hérité du
travail de relance et ont bénéficié à la fois d’espaces pour avancer
dans le terrain mais aussi de temps pour que les solutions viennent à
eux.
Axial droit et axial gauche, Bisevac et
Umtiti avaient trois solutions courtes devant eux : Miguel Lopes et
Bedimo sur les extérieurs (marqués par Payet et Ayew sur le papier),
Grenier et Fofana à l’intérieur (Cheyrou et Lémina)… et Gourcuff qui
était donc au coeur des problèmes marseillais en début de partie. Son
positionnement obligeait les milieux phocéens à s’adapter, soit en
concédant des espaces à Grenier et Fofana (en laissant décrocher le
premier par exemple), soit en abandonnant la couverture des extérieurs
pour mieux protéger l’axe. En bref, Gourcuff profitait des espaces ou ce
sont ses partenaires qui en bénéficiaient grâce à ses remises ou ses
déplacements. A plusieurs reprises, l’OL a notamment utilisé les
renversements de jeu vers Bedimo ou Miguel Lopes afin de prendre à
défaut des milieux marseillais regroupés dans l’axe.
Exploitation des intervalles :
Entrait alors en scène les déplacements
de Lacazette et Gomis, qui exploitaient les espaces laissés par les
milieux marseillais ou attaquaient la profondeur afin de profiter des
positions idéales de leurs milieux de terrain, voire de leurs
défenseurs, pour les servir. Comme face à Nantes lors de la journée
précédente, les Phocéens ont payé le positionnement haut de leur bloc
(nécessité d’être compact pour compenser le surnombre adverse) et le
manque d’agressivité de leur première ligne. Avant le premier but,
consécutif à un bon appel de Fofana servi par un Grenier complètement
libre dans l’entrejeu (1-0, Lacazette, 17e), Bisevac a alerté à
plusieurs reprises Miguel Lopes, Gomis ou Lacazette dans le dos de
Mendy. Les Lyonnais ont aussi profité des espaces abandonnés par l’OM
dans les couloirs pour lancer des mouvements à trois (Bedimo, Gourcuff,
Lacazette à gauche ; Fofana, Miguel Lopes, Gomis à droite).
Preuve que le mal de l’OM partait de sa
tête, c’est lorsque Gignac, Thauvin (ou même Ayew) ont commencé à sortir
au pressing sur Bisevac ou Umtiti en fin de première mi-temps que la
rencontre a semblé s’équilibrer. Les Gones conservaient toutefois
l’avantage de leur bonne assise défensive, qui leur a offert la
possibilité d’avoir à la fois Lacazette et Gomis aux avants-postes.
Auteur du second but, le second était d’ailleurs à l’origine de celui-ci
par une bonne remise qui a mis Fofana dans le sens du jeu (44e),
lançant ensuite le mouvement vers Lacazette dans le rond central. Sur
cette action comme sur beaucoup d’autres, c’est la défense marseillaise
qui a fait preuve d’une grande passivité, laissant toujours beaucoup
trop d’espaces à ses adversaires (Nkoulou souvent loin de l’attaquant
notamment).
L’OL en place :
Si l’OL a autant dominé l’OM pendant la
majeure partie de la rencontre, c’est aussi grâce à un excellent travail
défensif de la part de tous ces éléments. Ils ont d’abord mis une
pression constante dans le camp marseillais lorsque le ballon y était
perdu. Il faut dire que le losange encourage les joueurs à se rapprocher
pour jouer court. Sur les ailes marseillaises, Payet et Ayew ont été
très souvent contraints de revenir défendre face aux montées de Bedimo
et Miguel Lopes. Sur jeu rapide, les Marseillais n’avaient donc que
Thauvin et Gignac en point d’appui pour remonter les ballons. Le premier
a été bien éteint par Gonalons et n’a eu aucun ballon de contre à
jouer. Le second n’a lui que très peu pesé lorsqu’il était seul aux
avants-postes face à Bisevac et Koné.
En phase défensive aussi, le losange
lyonnais a été très efficace. Densité dans l’axe oblige, les Marseillais
étaient encouragés à passer par les côtés pour approcher les buts de
Vercoutre. La première passe partait donc vers les couloirs : des deux
côtés du losange, Fofana et Grenier sortaient au pressing dans ces
zones, généralement sur les latéraux adverses. Dans l’axe, Gonalons
accompagnait le mouvement pour contrôler les mouvements de Thauvin à
l’intérieur du losange. Et Gourcuff en faisait de même de sa position
avancée afin de marquer le milieu marseillais le plus proche de l’action
(Cheyrou à gauche, Lémina à droite). Sur les ailes, Bedimo et Miguel
Lopes serraient le marquage sur Payet et Ayew, si bien que les
Marseillais n’avaient aucune solution courte pour réellement tenir le
ballon dans le camp lyonnais, et se retrouvaient rapidement sous la
pression adverse.
Deuxième mi-temps :
Les rares mouvements marseillais du
premier acte se sont développés grâce aux dézonages de certains joueurs :
Payet qui repique dans l’axe, Thauvin qui s’excentre pour quitter la
zone de Gonalons ou encore Gignac qui va exploiter les espaces dans le
dos des latéraux adverses (qui sortent de l’alignement défensif pour
aller presser Payet et Ayew). Même s’il ne doit son but qu’à sa prise de
risques (et à la faute de main de Vercoutre), c’est bien en allant
chercher le ballon côté gauche que Gignac a récupéré la balle qu’il
enverra au fond des filets (2-1, 45e). Après la pause, le match a repris
sur les mêmes bases : l’OL a conservé l’ascendant dans le jeu et a
poursuivi sur le même rythme face à des Marseillais qui ont dû s’en
remettre à Mandanda pour ne pas voir leur adversaire reprendre le large
au tableau d’affichage (55e, 63e).
Le passage en 4-3-3 a quand même permis
aux Phocéens de rééquilibrer quelque peu les débats. A son entrée en
jeu, Imbula s’est retrouvé à gauche du nouveau milieu à trois
marseillais, qui laissait Lémina seul devant la défense et Cheyrou côté
droit. Avec ce changement de système, l’OM avait enfin des solutions
dans le coeur du jeu pour attaquer le losange lyonnais. Désormais,
lorsque le jeu allait vers les latéraux, Fofana et Grenier étaient pris
entre la nécessité d’aller bloquer ces derniers et de surveiller les
incursions dans leur dos de Imbula et Cheyrou. L’ancien Guingampais a
d’ailleurs réalisé une belle percée dans le camp lyonnais, à l’origine
de la plus belle occasion marseillaise de la deuxième mi-temps (centre
de Gignac relâché par Vercoutre, mais qui n’a pas profité à Thauvin,
72e). Une petite alerte qui rappelait que l’OL était loin d’avoir match
gagné…
Fin du match et conclusion :
Et finalement, le match a filé dans le
dernier quart d’heure pour les Lyonnais. La sanction est tombée sur un
coup de pied arrêté de Thauvin dévié à deux reprises et qui a pris
Vercoutre à défaut (79e). Un but assassin pour l’OL qui n’a plus semblé
en mesure de réagir après la sortie de Gourcuff sur blessure (remplacé
par Ferri, 76e). Repositionné derrière les deux attaquants, Lacazette et
Benzia (remplaçant de Gomis, 68e), Grenier n’a pas eu la même influence
et Mandanda a pu passer une fin de soirée plus tranquille, d’autant
plus que le milieu renforcé de l’OM affichait un regain d’énergie assez
efficace pour perturber la relance lyonnaise.
Si les regrets sont évidents pour les
hommes de Rémi Garde, le contenu de la partie reste très intéressant.
Désormais maîtrisé par les joueurs, le 4-4-2 en losange a affiché les
mêmes points forts défensifs que celui du LOSC sur la première moitié de
saison (sans Enyeama dans les cages en revanche). Et offensivement, la
présence de Gourcuff à la mène semble garantir une qualité supérieure en
terme d’animation. Côté marseillais, le résultat va offrir à José Anigo
quelques jours de répit, mais le contenu rend perplexe quant au
potentiel de l’équipe actuelle. Le passage plutôt convaincant en 4-3-3
devrait lui donner quelques idées pour les deux échéances à venir. A
défaut d’avoir une première ligne efficace pour perturber la relance,
renforcer le milieu de terrain apparaît indispensable.
Ah que j'aime ces "chroniquestactiques". L'anti-RMC en fait. Évidemment c'est long à lire, évidement ça fait moins le buzz que les injures du vieux largué, mais là on comprend tout l'intérêt du foot. Je crois que c'est des copains à Latta qui font cela, mais j'en suis pas sûre. Merci Coco. CP
RépondreSupprimerMoi j'aime beaucoup lire ,c'est tres intéressant . c'est fait par ce monsieur :
SupprimerFlorent TONIUTTI
51 Rue des Remparts, 33000 Bordeaux.
Mail : chroniquestactiques@gmail.com