«Yoann Gourcuff est un énorme plus pour le Stade Rennais», considère Pierre Dréos

 http://www.20minutes.fr/rennes/1687247-20150915-l1-yoann-gourcuff-enorme-plus-stade-rennais-considere-pierre-dreossi

Propos recueillis par Jeremy Goujon

Ex-manager et entraîneur du Stade Rennais, Pierre Dréossi était aux premières loges en 2004 pour assister aux débuts de Yoann Gourcuff en Ligue 1. Il considère aujourd’hui le retour du milieu offensif comme un « énorme plus » pour le SRFC.
Que vous inspire le come-back de Gourcuff dans son club formateur ?

Ça peut être une bonne solution pour lui, et éventuellement pour le club. Le Stade Rennais n’a pas pris trop de risques non plus, étant donné qu’il a un effectif plus que complet et une équipe déjà compétitive. S’il retrouve une bonne forme physique, bien sûr qu’il jouera, car c’est un joueur de grand talent. Après, il faut avoir les moyens financiers pour le faire venir.

On évoque à ce propos une baisse conséquente de son salaire lyonnais. Cela correspond-il à l’un des reflets de sa personnalité ?

Ça correspond surtout au marché. Si on parle de Bourse, il est aujourd’hui au plus bas par rapport à sa valeur de base, qui est énorme. Sans connaître les chiffres, Rennes a quand même dû produire un effort particulier à ce niveau-là. Il faut pouvoir les donner, les 100.000 euros mensuels. Mais ça valait le coup de le faire.

Le lancement de Yoann Gourcuff en L1, à l’âge de 17 ans, était-il inévitable à l’époque ?

Non, parce qu’il n’y a pas eu que lui à débuter aussi jeune au Stade Rennais. Ce que je déplore toujours, c’est qu’il est parti trop tôt [en 2006]. Même si c’est un rêve de jouer au Milan AC, ou dans un autre grand club, ça aurait été bien qu’il fasse une saison de plus à Rennes. Mais bon, on ne va pas refaire l’histoire… Yoann connaît bien le SRFC, et vice-versa. Les retours, ça ne se passe pas toujours bien, mais là, il y a peu de risques, pour l’un comme pour l’autre.



Avez-vous suivi avec attention le feuilleton qu’il a généré cet été ?

Bien sûr, car c’est un joueur qu’on a formé et sorti. Et puis, ce n’est pas un élément lambda. Quand il est en forme, il fait partie des meilleurs joueurs français. Maintenant, il doit se remettre dans une démarche collective.

Peut-il justement s’intégrer facilement, et ne pas casser la dynamique actuelle du SRFC ?

Ce n’est pas lui qui va perturber quoi que ce soit. L’effectif est très important en nombre et en qualité, et Yoann est un énorme plus.

Vous l’estimez capable de revenir au niveau qui était le sien lors de sa dernière année à Rennes, ou à Bordeaux ?

Son niveau à Bordeaux était déjà nettement supérieur à celui qu’il avait à Rennes. On était beaucoup moins exigeants, même s’il a fait de bons matchs. Aujourd’hui, je ne dis pas que ça va être facile, mais je pense que c’est possible. Yoann a toutes les qualités pour redevenir Yoann Gourcuff (sic).

Après la victoire rennaise à Nantes, certains observateurs, voire même joueurs, se sont « enflammés ». Avec un Gourcuff au top, le club peut-il de nouveau ambitionner l’Europe ?

Sur mes onze saisons là-bas, on a été quatre fois Européens, donc il n’est pas illogique que le Stade Rennais ait pour objectif de jouer l’Europe. Mais il faudra attendre la 10e journée pour avoir une vraie radiographie d’une telle possibilité.

 © Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/bretagne/gourcuff-a-la-recherche-du-temps-perdu-15-09-2015-10773716.php?xtor=EREC-85-[PartageTT]-20150915-[article]&utm_source=PartageTT&utm_medium=e-mail&utm_campaign=PartageTT

. À la recherche du temps perdu 15 septembre 2015 à 17h06 / Benoît Siohan / Gourcuff à Rennes. 

À la recherche du temps perdu C'est le come-back le plus excitant de l'année en Bretagne : neuf ans après avoir quitté son premier club professionnel, Yoann Gourcuff s'est engagé, hier, avec le Stade Rennais. À 29 ans, il est peut-être encore temps pour le Lorientais de relancer une carrière qui lui échappe depuis plus de cinq ans. Le personnage, avec son talent, son charme, ses failles, la fascination qu'il suscite et surtout l'épais mystère qui l'entoure, pourrait s'être échappé d'un roman. Et à ce stade de l'intrigue, c'est l'un des livres de Marcel Proust, « À la recherche du temps perdu », qui vient à l'esprit en premier à l'évocation de celui qui marchait sur les pas de Zidane avant de se perdre en chemin. L'histoire du football est riche de ces talents gâchés, dont la carrière n'a jamais dépassé le stade des promesses. Avec deux explications principales pour la quasi-totalité d'entre eux : manque de sérieux ou manque d'intelligence. N'étant dépourvu d'aucun des deux, Yoann Gourcuff est un talent égaré à part, en même temps qu'un grand mystère. Gourcuff à Rennes. À la recherche du temps perdu Malchance ou fragilité ? 

 La quête de la source des malheurs du Breton s'apparente à un slalom entre les blessures successives lui ayant fait manquer plus de la moitié des matchs de son équipe au cours de ses cinq années lyonnaises. Ce fut son principal problème, dans la mesure où à chaque fois qu'il a pu enchaîner quelques matchs il a été bon, parfois même excellent, faisant passer l'idée et l'espoir d'un retour au sommet. À ce stade de l'enquête, on doit quitter une terre ferme constituée de faits pour avancer des hypothèses qui sont autant de sables mouvants : comme tout créateur, Gourcuff a reçu son lot de coups et de blessures pour prix de son talent. Mais il a aussi régulièrement été trahi par son corps, au niveau du dos et des adducteurs notamment. Or, on sait que ces blessures-là n'ont pas toujours à voir avec la malchance. Longtemps on s'est demandé si le Breton était fragile. Aujourd'hui, on cherche surtout à savoir si ses blessures à répétition ont une source physiologique ou psychologique. L'interrogation est une véritable hypothèque sur la suite de sa carrière. Mais ce qu'il a démontré par le passé est encore suffisamment présent dans les mémoires pour que plusieurs clubs lui aient fait une cour assidue depuis six mois. A lire aussi Un an de grâce, six ans de solitude Les malheurs du jeune Breton ne se limitent pas, bien sûr, à la liste de ses blessures. Le plus gros qui lui soit tombé dessus est l'extraordinaire « pipolisation » dont il fait l'objet à son corps défendant depuis sept ans. Avec une équation impossible pour lui : comment s'arc-bouter à un statut de footballeur-point-final, quand une majorité voit d'abord en vous un sex symbole ? À un certain niveau de fonction ou de notoriété, l'homme normal est une chimère. 

Changer... l'environnement 

Au contraire de son entraîneur de père, à qui la célébrité n'a jamais semblé poser problème, Yoann Gourcuff n'a jamais su s'extraire de ce piège infernal. Lui si à l'aise pour voir le jeu et au besoin le renverser sur le terrain n'a pas montré jusqu'à présent la même aisance en dehors. Pour digne et respectable qu'elle soit, son attitude, consistant à ne jamais rien donner de lui, pas plus aux médias traditionnels qu'à ceux qui le pourchassent en quête d'une photo jusque sur son lieu de vacances, ne lui a pas vraiment réussi jusqu'à présent : il n'y a récolté que rumeurs mal intentionnées et moqueries. A lire aussi La saison du Stade rennais À l'évidence, son dernier choix en atteste, le néo-Rennais a pris la mesure de tout cela. Va-t-il, dès lors, sortir de son mutisme, ôter la carapace de défiance qu'il s'est bâtie pour se protéger du monde extérieur ? On ne parierait pas là-dessus même une place derrière les buts pour son premier match au Roazhon Park, tant ce Breton-là est têtu. Mais s'il a fait le choix de Rennes après avoir semble-t-il envisagé un retour à Bordeaux, c'est qu'à défaut de vouloir ou pouvoir changer lui, il a considéré qu'il était urgent de modifier son environnement et d'en retrouver un bienveillant à son égard. 

Retrouver des sensations 

 A priori, sous cet angle-là, le choix de Rennes paraît judicieux. Selon la rumeur, la seule à parler pour lui avec son avocat, il signerait pour une seule année et pour une somme (moins de 100.000 € mensuels) qui lui permettra tout juste de payer ses impôts. Le calcul semble clair : retrouver ses sensations de footballeur à plein-temps et d'homme épanoui, dans l'espoir de relancer une carrière en panne. Et peut-être aussi de redevenir un homme heureux.

Triaud : "On croyait en Gourcuff"

Enfin engagé avec le Stade Rennais, même si son retour à la compétition n'est pas encore fixé précisément en raison de sa blessure au pied toujours présente, Yoann Gourcuff ne reviendra donc pas à Bordeaux, et ce malgré un intérêt jamais démenti (même si on est en droit de douter...) de la part du président Triaud, qui a ainsi exprimé ses regrets d'avoir vu le meneur de jeu de 29 ans préférer un retour à Rennes plutôt qu'à Bordeaux.

« On croyait en lui parce que c’est un joueur talentueux, à qui il faut du temps pour revenir. On pensait qu’il pouvait s’épanouir dans un cadre connu, où il a déjà ses repères. Ses blessures ne nous ont jamais refroidis. C’est encore un grand joueur. Je l’ai vu pendant deux ans à Bordeaux et je n’ai pas de doutes. Chaque fois qu’il joue, il fait de gros matchs, notamment un Montpellier - Lyon la saison passée, où il a été énorme. »