Rennes: Que changerait l'arrivée de Gourcuff?

Si le transfert n'est toujours pas officialisé, Yoann Gourcuff devrait rejoindre Rennes, son club formateur. Que le milieu de terrain retrouve pleinement ses moyens ou pas, cette arrivée va forcément modifier le quotidien du club breton,

SUR LE TERRAIN

Depuis le début de la saison, Philippe Montanier a réorganisé son équipe en 3-4-2-1. L’arrivée de Yoann Gourcuff ne devrait pas le contraindre à changer radicalement de système, mais éventuellement à y apporter des retouches.

Avant la trêve internationale, en l’absence de Paul-Georges Ntep (revenu au jeu en seconde période face à Toulouse lors de la dernière journée), l’entraîneur des Rouge et Noir a aligné seul en pointe Giovanni Sio, soutenu par Pedro Henrique et un deuxième joueur moins offensif. C’est cette place que pourrait occuper Gourcuff dans l’actuel 3-4-2-1, à condition de s’adapter aux exigences de repli et de pressing défensif

Plus sûrement, avec le retour de Ntep comme titulaire, l’ancien Lyonnais pourrait évoluer dans un rôle de pur meneur de jeu, dans un 3-4-1-2, en bénéficiant de davantage de latitude pour se déplacer sur la largeur du terrain. Pour s’intégrer dans le onze-type rennais, même s’il bénéficie d’un grand crédit auprès du président du club René Ruello et qu’il est courtisé par Montanier de longue date, Gourcuff devra composer avec la concurrence de Juan Quintero, recruté en prêt juste avant la fin du mercato et qui peut évoluer sur l’aile ou en n°10.

Disposer de plusieurs recours est un atout pour l’entraîneur breton… et pour Gourcuff (29 ans), sur lequel la pression serait moindre? «On sait bien que (Yoann) ne va pas casser la baraque tout de suite. C’est pour cela qu’on n’a pas construit l’équipe autour de lui,expliquait Montanier cette semaine dans France Football, alors que la venue du joueur n’était pas encore officielle. On ne sait pas quand il sera opérationnel. (…) J’ai envie qu’on l’aide et qu’il nous aide, voilà.

Le onze-type possible de Rennes avec l'arrivée de Yoann Gourcuff. (Montage: A. Jonniaux/L'Equipe

DANS LE VESTIAIRE

Yoann Gourcuff connaît déjà les installations du club - où il a été formé et disputé ses trois premières saisons chez les pros-, son président, ainsi que plusieurs membres de l’organigramme rennais. Il lui faut maintenant se familiariser et s’intégrer à «un vestiaire qui vit bien», dixit Montanier dans FF, malgré (grâce?) les nombreux changements dans l’effectif au fil des mois.

«Chacun est différent, a sa façon de fonctionner»

À Lyon, comme lors de son passage à l’AC Milan, les relations entre Gourcuff et les cadres du groupe pouvaient être parfois compliquées. C’est ce que laissait notamment entendre en début d’année Maxime Gonalons: «Est-ce que Gourcuff se situe en marge du groupe? Ce n’est pas à moi d’entrer dans ces détails-là. Chacun est différent, a sa façon de fonctionner,expliquait le capitaine de l’OL dans France Football du 11 février. Il a besoin d’être à 100 % pour jouer. Mais quand on joue tous les trois jours, ce n’est pas possible. (…) Parfois, c’est difficile à comprendre pour nous. (…) Il a son caractère, sa façon de voir les choses.»

Gonalons avait ajouté: «C’est quelqu’un qui ne pose aucun problème dans un groupe, qui fait les choses comme il doit les faire. On a essayé de lui faire comprendre (qu’il aurait dû forcer les choses un peu plus).» Cette «volonté d’être à 100%», soulignée aussi par Montanier, sera-t-elle mieux comprise par le vestiaire de Rennes? Les attentes du groupe breton pourraient être moins fortes qu’à Lyon. Celles du public, en revanche…

VIS-À-VIS DES SUPPORTERS

Parti de Rennes pour l’AC Milan à l’âge de 20 ans, l’ancienne pépite du centre de formation devra faire face aux grandes attentes des supporters. Dans France Football la semaine dernière, Philippe Montanier a fait part de son étonnement, à son arrivée, quant au fort engouement autour du club rennais: «Je savais en venant ici (qu’il y avait une attente démesurée), mais, pour être honnête, pas à ce point. (…) On s’aperçoit qu’il y a beaucoup d’attente à l’extérieur. On a l’impression qu’il faut être européen tous les jours.»


L’ancien technicien de la Real Sociedad en a conscience: l’arrivée de Yoann Gourcuff s’accompagne du risque que «certains se disent que (Rennes) va tout gagner» avec lui. «Il y aura forcément plus de pression», admet Montanier. Si l’équipe bretonne avait mal débuté la saison, Gourcuff aurait pu être perçu comme l’homme providentiel, malgré son maigre temps de jeu l’an dernier. Maintenant que les Rennais ont réussi leur entame de Championnat (une défaite puis trois victoires), le milieu de terrain est celui qui doit les aider à prolonger cette dynamique.

 Qu'il joue ou pas, son cas fera parler... 

S’il ne joue pas, il pourrait à nouveau se retrouver cible de critiques. S’il joue et que Rennes marque le pas, il pourrait alors être désigné parmi les coupables… La volonté de Gourcuff de se sentir complètement apte avant de reprendre apparaît donc logique. Quoi qu’il fasse, l’international tricolore (31 sélections, 4 buts) sera au cœur des discussions.

Yoann Gourcuff va à nouveau revêtir le maillot de Rennes. (L'Equipe)

D'UN POINT DE VUE MÉDIATIQUE ET MARKETING

Par son talent et sa trajectoire, autant en club qu’avec l’équipe de France, Yoann Gourcuff attire la lumière, malgré son goût immodéré pour l’ombre. Le feuilleton autour de son transfert l’a prouvé. L’attente concernant son choix de club l’a accentué.

Revenir là où il a été formé, où il n’était pas encore une sorte d’icône médiatique, ne devrait pas suffire à éloigner Gourcuff des projecteurs.
C’est un fait: Gourcuff attire et fait vendre, qu’il le veuille ou non. Rennes aussi, devrait profiter de la médiatisation de cette dernière recrue si particulière. Lors des deux premiers matches de L1 à domicile (contre Montpellier puis Toulouse), l’affluence moyenne au Roazhon Park était de 18 654 spectateurs (source LFP), alors que l’enceinte peut en accueillir plus de 31 000. Pour les premiers pas de Gourcuff, qu’ils soient face à Lille (18 septembre, 6e journée de L1) ou plus tard, il devrait rester beaucoup moins de places vides…

Jean TERZIAN