Montpellier-OL : la victoire à demi-volée
1. Clément Grenier
: la première place du Rank ne lui était pas promise à cinq secondes de
la fin. Et pourtant, c’était écrit. Dans un match sans véritables
conventions, il ne pouvait qu’être le boss. À sa façon. À sa nouvelle
façon. C’est qu’il en a envoyé bouler des conventions en 48 heures, le
bonhomme. Fini le gentil garçon, propre sur lui, discret, écrasé par le
poids de la famille, lyonnais quoi. Vas-y que je te demande une augmentation à la hussarde. Et vas-y que je joue pour mes lignes de stats plutôt que de courir pour l’institution. Pour le coup, le Grenier NBA style
n’a pas déçu, jolie passe décisive et jouissif missile à l’appui. Une
frappe qui rappelle toutes celles que Toulalan, à cela près qu’aucune
n’est jamais rentrée. Pourtant, le soyeux meneur n’a pas encore atteint
la cote d’amour du besogneux récupérateur. Alors certes, Clément, tout
Lyon a spontanément levé ses fesses sur ce coup-là comme ça ne lui
arrive plus si souvent. Mais il peut très vite te les montrer le jour où
la chance ne sera plus à la hauteur de tes ambitions.
2. Lisandro : on
connaît suffisamment le lisandrisme pour savoir mieux que quiconque à
quel point il peut encore nous surprendre. Ne serait-ce que pour en
profiter encore quelques matchs depuis ce passage remarqué à Tola Vologe
cette semaine aux allures d’adieux avant l’heure. Et vérifier cette
drôle de théorie sur laquelle on n’a jamais eu vraiment prise : Lisandro
n’a jamais paru aussi bon qu’à Montpellier. Pourquoi là et pas
ailleurs ? Peut-être parce que, pour que le Gaucho se sente bien, il
faut qu’il y ait quelque chose de l’Argentine dans l’air. La Mosson,
stade déglingue qui ne tient que par ses Gitans de la Paillade, seule barra brava
digne de ce nom à l’échelle de la Ligue 1. Ce football qui la joue
bâtard pour mieux rester sensible, sous le coup de patte de Belhanda (41ème)
ou de gueule de Girard qu’on tient, en vrai, pour le coach le plus
sous-estimé de son temps – ceux qui ont encore en tête le championnat
d’Europe de ses Espoirs en 2006 savent de quoi il retourne. A moins
qu’il ne s’agisse des plus belles femmes du monde, celles qu’on ne peut
croiser qu’à Montpellier ou en Argentine, ou de ces pages de Cortazar
qu’on ne veut jamais refermer comme on se refait l’OuSaPo (l’ouvroir de
saloperies potentielles) de Loulou Nicollin à intervalles réguliers.
Pas de doute, avant de s’en aller, Lisandro tenait là plus qu’ailleurs
ce qu’il fallait pour livrer une grande partie aussi généreuse
qu’enragée, un des dernières sans doute. Quelque chose qui aurait à voir
avec sa part d’hombre.
3. Maxime Gonalons :
sans le Rank, la vie pourrait être injuste pour Washing Maxime. Comme
elle doit l’être pour à peu près tous les bassistes et les batteurs de
la Terre dans n’importe quel groupe de rock : les mecs sont condamnés à
n’exister que lorsque les stars attitrées ne sont plus en mesure
d’attirer la lumière. Une fois de plus, c’est ce qui est arrivé au
capitaine lyonnais. Dans une première période où le jeu qu’avec des
milieux fait surgir l’idée un nouveau futur pour l’OL – ce qui suffit en
soi à provoquer une belle émotion –, il n’a jamais eu qu’à disparaître
pour jouer du relais comme les autres. Il est déjà essentiel quand la
seconde période s’embarque sur des pertes de balle, celles de Grenier en
tête, qui font disparaître le milieu lyonnais. Autrement dit, toute
l’équipe ou presque. Or, c’est précisément là, dans ces trois contre un
qui tournent à son avantage ou dans ces retours dans les chevilles de
Belhanda que Gonalons a pu choper un peu de la gloire que les autres
laissaient filer. Pour mieux l’abandonner aux autres au premier exploit
venu. Que vous soyez un groupe de rock ou de Rank, ne partez jamais sans
un gars qui sait battre un peu plus que le tempo.
4. Rémi Garde :
ça s’appelle régler le chaos par le chaos. Après trois défaites, le
coach lyonnais, sans défense et avec guère plus d’attaque, avait décidé
d’associer et Grenier et Gourcuff. Sans qu’on sache si ça avait
fonctionné ou non, l’OL avait enfin gagné. Pour le match suivant, Garde
n’a pas tranché. Il a même rajouté Malbranque au milieu. Et Fofana,
qu’on a peu vu derrière. Et même Lisandro, qui y a ses habitudes. Et,
bien sûr, Gonalons. L’OL a-t-il joué en 4-3-3, en 4-2-3-1, en 3-4-3 ou
en 4-4-2 ? Un peu de tout. Ce qu’on pourrait synthétiser en 3-6-1. Et
l’histoire retiendra qu’il a gagné ainsi. Quant au coaching, il aura au
moins eu le mérite d’indiquer une volonté de tenter quelque chose
jusqu’au bout. Et, malgré un net déclin en deuxième période, les
Lyonnais l’ont emporté au bout, justement. Faute de pouvoir blinder
sereinement, mais Garde a préféré tout faire péter. Preuve que maîtriser
le bordel, c’est toujours plus classe qu’accompagner la discipline.
5. Yoann Gourcuff :
et si c’était lui le vrai sauveur de la fin de saisons lyonnaise ? On
sait très bien qu’on ne serait pas en train de parler des performances
de Grenier si le destin n’avait pris un malin plaisir à s’acharner sur
le corps de l’ex-futur du foot français. De même qu’on ne pourrait
parler de victoire lyonnaise à l’arrachée s’il n’y avait eu ces
interventions, même lointaines, presque éthérées de Yoann : une air passe qui paraît aussi involontaire qu’elle devient décisive sur l’action qui mène au but de Licha (28ème).
Comme le sera son corner qui finit sur la patte gauche d’un Grenier qui
réussit en une fois ce que Toulalan aura manqué en quatre saisons entre
Saône et Rhône (90ème +2). Preuve qu’on peut se voir
reprocher régulièrement de faire plonger tout un club et finir par en
devenir l’homme providentiel. Peut-être pas le héros qu’on attendait à
son arrivée, mais un héros quand même : malgré lui.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza ('rue89)et vu la signature c'est un grand compliment !!!
Il va neiger...ceci dit eux ils ne sont pas des groupies de la Merdeille...ils critiquent souvent son manque d'engagement, son nombre de ballons perdus toujours impressionnant. Ses "exploits" et ses stats le sauvent...pour l'instant !
RépondreSupprimerC'est bien qu'ils soulignent le match de Yo. Tu sens qu'il a faim, il a joué à un poste qu'il n'était pas le sien et il s'est en est très bien sorti. Il joue pas pour ses stats, il joue pour l'équipe. Cela serait bien qu'on le remarque lui que l'on dit individualiste, lui qui soi disant n'est là que pour le pognon...
J’espère qu'il sera récompensé bientôt récompensé.
L.
Y a un "récompensé" en trop...
RépondreSupprimerL.