Yoann Gourcuff consulte régulièrement le docteur
Olivier Fichez, à Saint- Raphaël. Une relation révélée au grand public
lors de l’émission Stade 2, fin août. Le médecin expliquait alors pour
la première fois que le joueur souffrait d’une fracture de fatigue aux
sésamoïdes.© Philippe RenaultStade Rennais. Attentif à la reprise de l'entraînement de son patient, le médecin Olivier Fichez a accepté de livrer son analyse sur la situation de Yoann Gourcuff.Entretien
Depuis quatre ans, Yoann Gourcuff consulte régulièrement le docteur Olivier Fichez, basé à Saint-Raphaël. Une relation de confiance fortement appréciée par le milieu de terrain rennais: « J'ai la chance d'être bien suivi avec Olivier Fichez. Il m'a beaucoup aidé, à plusieurs reprises, a posé des diagnostics qui concordaient avec mes douleurs. C'est lui qui a détecté la nature de ma blessure en juin. Il m'a dit d'entrée qu'une opération n'était pas envisageable et une infiltration pas souhaitable. »
Comment expliquer la blessure de Yoann Gourcuff ?
La lésion au départ est une fracture de fatigue de deux petits os, qui sont sous la tête du métatarse, au niveau du pouce du pied. C'était probablement dû à l'émanation de sa reprise, après sa blessure aux ischio-jambiers, lors de ce fameux match où il quitte le terrain un peu tête baissée (Lyon - Nice: 1-2, le 21mars). Après cette énième blessure, il était très affecté... Mais Yoann est un bosseur, et il a repris le travail physique et a commencé à présenter une petite sensibilité sur l'os. À Lyon, ils lui ont fait passer une IRM qui montrait juste un saignement. Au départ, les fractures de fatigue ne se voient pas, c'est terrible. Il s'agit d'un remaniement de l'os, qui va se résorber progressivement, et à un moment donné ça lâche. On devrait d'ailleurs parler de « maladie de l'adaptation de l'os à l'effort ». Je l'ai vu au moment où ça a lâché, où il y avait l'objectivation de la fracture au pied droit.
Il est aussi blessé au pied gauche.
Il a probablement fait cette même petite lésion à gauche durant l'adolescence. Cela s'appelle la maladie de Renander, et du fait qu'il a réappuyé du côté gauche, il y a eu un phénomène de décompensation. C'est aujourd'hui le paradoxe: côté droit ça va très bien, alors qu'il a un peu plus mal côté gauche sur les appuis. Yoann, à un moment donné, était un peu lourd à Lyon, plus en puissance, alors qu'à Bordeaux il était plus aérien. C'est parce qu'en mai, lors de sa blessure aux ischio-jambiers, il a essayé de changer sa statique, d'appuyer un peu plus sur l'avant-pied. C'est sans doute l'un des facteurs qui a décompensé cette lésion. Quoi qu'il en soit, une fracture de fatigue aux sésamoïdes met trois, quatre, cinq ou six mois à consolider, mais elle ne se cicatrisera jamais. On aura toujours deux petites parcelles d'os. Quand on fera une radiographie dans un an, on aura toujours ces petites fissures, mais c'est très bien toléré. Jaroslav Plasil a eu cela, il poursuit sa carrière sans problème. Il y a un consensus qui va se faire, à la place d'avoir deux petits os sous la tête du métatarse, on en a trois. On vit ainsi, c'est une des petites anomalies anatomiques du sportif de haut niveau.
Peut-on imaginer un retour rapide à la compétition ?
Je suis très optimiste concernant Yoann et son futur, à ceci près qu'il faudra bien communiquer. À Lyon, la communication ne s'est parfois pas très bien faite. Le médecin du Stade Rennais (Rufin Boumpoutou) a eu la gentillesse de venir à Saint-Raphaël, on a vraiment pu échanger, partager les choses. Nous avons un consensus pour savoir écouter, au-delà de toutes les imageries, ce que Yoann ressent. À mon sens, cela va très bien se passer à Rennes.
Quelle importance attribuer au psychique ?
Yoann est très intelligent. C'est un garçon très cultivé, avec une grande éducation. Il a envie de rejouer, de rentrer dans cette quête existentielle du jeu. Ce n'était pas un joueur heureux à Lyon. Je m'entends très bien avec le médecin de l'OL, ma critique ne porte pas sur le club lyonnais. Simplement, à un moment donné, on a besoin d'un cadre dans lequel on s'exprime. À Rennes, il est dans son environnement familial. Tout est requis pour que tout se passe bien au niveau relationnel. Il y a semble-t-il un bon échange avec le médecin du club.
On a parfois évoqué une fragilité.
On a fait courir ce bruit, que Yoann est un garçon sensible, douillet. C'est totalement faux. Je pense, j'espère et je croise les doigts pour qu'il soit sorti de toutes ces blessures, qui étaient toutes vraies, et des choses assez graves à chaque fois, la cheville comme le reste. Il n'est pas douillet, c'est juste un garçon pudique, qui connaît très bien son corps, qui a l'intelligence de savoir où il a mal. Et sait exprimer sa douleur, ce qui évite parfois des catastrophes. Il a besoin de comprendre, qu'on lui explique les tenants, les aboutissants et la stratégie thérapeutique.
La lésion au départ est une fracture de fatigue de deux petits os, qui sont sous la tête du métatarse, au niveau du pouce du pied. C'était probablement dû à l'émanation de sa reprise, après sa blessure aux ischio-jambiers, lors de ce fameux match où il quitte le terrain un peu tête baissée (Lyon - Nice: 1-2, le 21mars). Après cette énième blessure, il était très affecté... Mais Yoann est un bosseur, et il a repris le travail physique et a commencé à présenter une petite sensibilité sur l'os. À Lyon, ils lui ont fait passer une IRM qui montrait juste un saignement. Au départ, les fractures de fatigue ne se voient pas, c'est terrible. Il s'agit d'un remaniement de l'os, qui va se résorber progressivement, et à un moment donné ça lâche. On devrait d'ailleurs parler de « maladie de l'adaptation de l'os à l'effort ». Je l'ai vu au moment où ça a lâché, où il y avait l'objectivation de la fracture au pied droit.
Il est aussi blessé au pied gauche.
Il a probablement fait cette même petite lésion à gauche durant l'adolescence. Cela s'appelle la maladie de Renander, et du fait qu'il a réappuyé du côté gauche, il y a eu un phénomène de décompensation. C'est aujourd'hui le paradoxe: côté droit ça va très bien, alors qu'il a un peu plus mal côté gauche sur les appuis. Yoann, à un moment donné, était un peu lourd à Lyon, plus en puissance, alors qu'à Bordeaux il était plus aérien. C'est parce qu'en mai, lors de sa blessure aux ischio-jambiers, il a essayé de changer sa statique, d'appuyer un peu plus sur l'avant-pied. C'est sans doute l'un des facteurs qui a décompensé cette lésion. Quoi qu'il en soit, une fracture de fatigue aux sésamoïdes met trois, quatre, cinq ou six mois à consolider, mais elle ne se cicatrisera jamais. On aura toujours deux petites parcelles d'os. Quand on fera une radiographie dans un an, on aura toujours ces petites fissures, mais c'est très bien toléré. Jaroslav Plasil a eu cela, il poursuit sa carrière sans problème. Il y a un consensus qui va se faire, à la place d'avoir deux petits os sous la tête du métatarse, on en a trois. On vit ainsi, c'est une des petites anomalies anatomiques du sportif de haut niveau.
Peut-on imaginer un retour rapide à la compétition ?
Je suis très optimiste concernant Yoann et son futur, à ceci près qu'il faudra bien communiquer. À Lyon, la communication ne s'est parfois pas très bien faite. Le médecin du Stade Rennais (Rufin Boumpoutou) a eu la gentillesse de venir à Saint-Raphaël, on a vraiment pu échanger, partager les choses. Nous avons un consensus pour savoir écouter, au-delà de toutes les imageries, ce que Yoann ressent. À mon sens, cela va très bien se passer à Rennes.
Quelle importance attribuer au psychique ?
Yoann est très intelligent. C'est un garçon très cultivé, avec une grande éducation. Il a envie de rejouer, de rentrer dans cette quête existentielle du jeu. Ce n'était pas un joueur heureux à Lyon. Je m'entends très bien avec le médecin de l'OL, ma critique ne porte pas sur le club lyonnais. Simplement, à un moment donné, on a besoin d'un cadre dans lequel on s'exprime. À Rennes, il est dans son environnement familial. Tout est requis pour que tout se passe bien au niveau relationnel. Il y a semble-t-il un bon échange avec le médecin du club.
On a parfois évoqué une fragilité.
On a fait courir ce bruit, que Yoann est un garçon sensible, douillet. C'est totalement faux. Je pense, j'espère et je croise les doigts pour qu'il soit sorti de toutes ces blessures, qui étaient toutes vraies, et des choses assez graves à chaque fois, la cheville comme le reste. Il n'est pas douillet, c'est juste un garçon pudique, qui connaît très bien son corps, qui a l'intelligence de savoir où il a mal. Et sait exprimer sa douleur, ce qui évite parfois des catastrophes. Il a besoin de comprendre, qu'on lui explique les tenants, les aboutissants et la stratégie thérapeutique.
Merci Coco pour ce document .
RépondreSupprimerVoilà des explications claires et rassurantes pour l'avenir de Yo.
MH
Les dernières nouvelles de Yoann nous font vraiment plaisir. Au moins le club communique......De voir sa joie et son sourire de retrouver les terrains c'est super. Il a l'air de bien avancer et je pense qu'on va bientôt le revoir en compétition. Il faut toutefois qu'il trouve des repères auprès de ses coéquipiers mais je n'ai aucune inquiétude à ce sujet.......Lors de son premier match il sera scruté et analysé par les journalistes et les médias..... Ce sera le buzz à Rennes...... On ne peut que souhaiter à Yoann d'être épargné par les blessures. Pour le reste on a confiance en lui et on va revoir du beau jeu. AMF
RépondreSupprimerhttp://www.dailymotion.com/video/x2ante2_rennes-4-1-toulouse-but-de-yoann-gourcuff-par-demon_sport et un ptit but de Yo au Stade Rennais ^^ biz Coco ... Seb
RépondreSupprimermerci Coco pour cet article et interview très intéressante : dire ce pauvre Yoann en a pris plein la tête alors que tout était justifié...j'espère que tous ceux qui l'ont accusé d'être un douillet, "une chochotte" auront le courage et l'honnêteté de s'excuser...en tout cas, je lui souhaite plein de courage, les nuages s'éloignent car maintenant, il est dans de bonnes mains, avec des gens qui l'écoutent...hâte de le revoir sur le terrain mais qu'il prenne le temps qu'il lui est nécessaire...et heureuse de trouver à nouveau des articles sur le sportif! bonne fin de journée Somval51
RépondreSupprimerBonne mise au point, on devine quand même le Dr. Fichez gêné aux entournures pour qualifier ses rapports avec le club d'Aulas, même si "il s'entend bien avec son collègue". Le suivi a l'air meilleur à Rennes, les rapports plus directs, tant mieux. CP
RépondreSupprimerdes explications claires et très rassurantes sur Yoann, cela fait du bien.
RépondreSupprimerles relations entre Yoann, le Dr Fichez et le Stade Rennais semblent très bonnes, très saines, ils sont à l'écoute de ses sensations. Tout est fait intelligemment pour que Yoann puisse retrouver le terrain dans les meilleures conditions. Je pense que ce bon environnement va bien convenir à Yo. On voit beaucoup de sourires et c'est super !
JY