Touché au mollet contre Schalke 04, Yoann Gourcuff ne jouera pas demain à Montpellier. Une blessure de plus pour le milieu de terrain de l'équipe de France, taclé la semaine dernière par Paolo Maldini, son coéquipier au Milan de 2006 à 2008. « Il ne s’est pas montré intelligent dans la manière de se gérer lui-même, ni dans son comportement », avait commenté l'Italien dans le quotidien l'Equipe, mettant en cause autant son professionnalisme que son mental défaillant. Il n'est pas anodin que sa blessure survienne au moment où Gourcuff a le moral dans les chaussettes, à quelques centimètres des mollets. Elle est le signe d'une cassure chez un joueur qui, curieusement, n'a pas réagi publiquement aux attaques de la légende italienne. Un mauvais calcul, car il donne l'image d'un Gourcuff trop fragile pour se défendre et dont la seule certitude en ce moment, pour plagier Pierre Desproges, c'est d'être dans le doute.
Sur le terrain, Gourcuff avait répondu à ses détracteurs en marquant contre le Roumanie en match de qualification pour l'Euro 2012, avant de replonger à son retour à l'OL, son nouveau club après Bordeaux. Comme si sa tête ne suivait pas ses jambes. Il faut sans doute chercher des causes psychologiques à son échec au Milan et dans son incapacité à rebondir après une Coupe du monde traumatisante. Sur RTL, Bixente Lizarazu a évoqué son caractère « effacé » qui l'empêcherait de s'affirmer. Une accusation que réfute le Bordelais Jaroslav Plasil, joint au téléphone : « Je connais bien Yoann, il est réservé mais ça n'entrave pas sur ses performances. La réussite dépend de beaucoup de choses. Yoann, par exemple, dépend beaucoup du collectif. Il est arrivé à Lyon alors que l'équipe ne marchait pas bien et doutait. Le contexte est compliqué mais je ne m'en fais pas pour lui : il va aller mieux. »
Le talent de Gourcuff est intact. Il lui manque de la confiance en lui pour gravir l'échelon qui sépare les bons joueurs des très bons. Comme le dit Zidane, il doit «se lâcher sans se poser de question sur ce qu'on raconte autour de lui, car ça peut déstabiliser». La filiation précipitée établie avec le champion du monde 98 a sûrement pu bloquer Gourcuff. Très tot, dès son but inscrit de trente mètres en 2008 contre la Roumanie, on a fait de lui son successeur. « Cet héritage de Zidane lui pèse », pense Jean-Cyrille Lecoq. Ce psychologue du sport et préparateur mental a travaillé de 2000 à 2007 à Clairefontaine près des futurs talents du football français. « En France, on pouponne les footballeurs ; dès quatorze ans, ils doivent s'entraîner et vivre comme des adultes, poursuit-il. Leur crise d'adolescence se voit repousser. J'ai l'impression que Gourcuff est encore adolescent dans sa tête. »
A Bordeaux, Plasil considère que le départ le plus préjudiciable cet été fut celui de Chamakh, pas de Gourcuff. Le Lyonnais, même s'il évolue meneur de jeu, a besoin d'évoluer dans un environnement sain pour s'exprimer, où il se sent en sécurité. Loin des Bleus, donc, même si les départs d'Anelka, d'Henry et de Gallas ont sans doute été vécu, pour lui, comme des délivrances. A Lyon, en revanche, tout est fait pour que Gourcuff s'épanouisse dans les meilleures conditions, grâce à la présence de son ami Hugo Lloris et de Jean-Michel Aulas, sorte de mère poule protectrice.
Son échec est dès lors d'autant plus frustrant et pose la question suivante : peut-on réussir sur le long terme dans le sport de haut niveau sans un mental en adéquation ? « Le mental intervient forcément dans la performance d'un athlète de haut niveau, répond Lecoq, tout comme la tactique, la technique et le physique. Gourcuff doit apprendre à mieux gérer son stress, améliorer sa concentration. » Rencontré jeudi à l'Adidas Store des Champs-Elysées, le rugbyman Dan Carter, star des All Blacks, ne connaît pas le Lyonnais. Mais il lui donne un conseil, en grand champion qu'il est : « Jouer avec les All Blacks te donne toujours beaucoup de pression et te rend nerveux. J'ai parfois connu moi aussi des moments de doute. L'important est de rester concentré sur ce que tu sais faire et de ne pas t'éparpiller. Il doit se relaxer et travailler dur. En travaillant dur, on surmonte la plupart des épreuves. » Puisse Gourcuff l'écouter. (maxime mianat : france soir )
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