La déception de la Coupe du monde à peine évacuée, le meneur bordelais veut reprendre sa marche en avant.
Bloemfontein, le 22 juin: contre l’Afrique du Sud (1-2), un carton rouge précoce conclut la première Coupe du monde de Yoann Gourcuff. Un cauchemar du début à la fin. Il quitte le terrain tête basse. Pendant que les autres grévistes de Knysna disent chacun leur vérité, lui garde le silence. Six semaines plus tard, le meneur de jeu bordelais retrouve le terrain, ce soir à Montpellier. Du jeu, enfin.
Une thérapie entre amis
Il y a bien eu du foot et des cris de joie cet été. Mais très loin de Knysna. Dans l’intimité d’une maison familiale à Ploemeur, au coeur de ce Morbihan où Yoann Gourcuff conserve de solides attaches. Christophe Le Roux et Stéphane Pédron, ses copains devenus recruteurs au FC Lorient, sont venus lui rendre le sourire et le plaisir du ballon. "Mais il n’y a pas eu de match, c’est resté ludique pour évacuer la grosse déception sud-africaine, confie le premier. Même en vacances, le foot reste dans un coin de sa tête. C’est un accro de sport. Un carré de pelouse lui suffit pour pratiquer ce qu’il aime le plus au monde."
Ce jeu dont l’esthète a été privé en Afrique du Sud. Encore aujourd’hui, il regrette que la coulisse ait supplanté les débats tactiques dans les médias. Alors, il parle du traumatisme pour l’éliminer. "J’étais curieux et Yoann n’a pas repoussé mes questions", confie Le Roux. Après quinze jours de coupure, il aurait bien pris du rab. Mais prétexter un avion en retard n’est pas son genre. Des fourmis dans les jambes, ce stakhanoviste a fini par s’inviter à un entraînement des Merlus. Après une reprise en douceur au Haillan, le démon du jeu l’a rattrapé au Tournoi de Paris. "Si je l’avais écouté, il aurait joué deux matches entiers en vingt-quatre heures", sourit Jean Tigana. Le meneur de jeu peut souffler, la diète est terminée. Le nouvel entraîneur bordelais a vite établi ce diagnostic: "Pour gagner, Bordeaux a besoin de lui."
La route de Lyon n’est pas fermée
Tant que Yoann Gourcuff garde le silence, il convient d’interpréter les signes. Pour l’heure, ils sont contradictoires. Son père fait le point: "Il n’a pas le désir de partir mais si un club arrive avec une proposition qui convient à Bordeaux, ça peut évoluer d’ici au 31 août." Officiellement, le club n’a reçu aucune offre. En mai, Christian Gourcuff et Didier Poulmaire, l’avocat du joueur, ont visité les installations de Manchester City mais les contacts se sont évanouis presque aussitôt. Reste un intérêt réel de Lyon. Faut-il voir une opération de séduction dans les coups de fil estivaux entre Gourcuff et son ami Jérémy Toulalan? Peut-être. Autre indice : en privé, Poulmaire explique parfois que son protégé s’exprimera quand il aura changé de club, comme si c’était une évidence.
Le président lyonnais Jean-Michel Aulas a encore semé le trouble en déclarant mercredi au Parisien: "Si Gourcuff voulait venir à Lyon, on se saignerait mais pas à 26 millions d'euros (le montant de sa clause libératoire)." Depuis son lieu de vacances, Nicolas de Tavernost a tenu à réagir à cette petite phrase: "On a l’habitude que Lyon s’intéresse à l’un de nos joueurs sans conclure. C’est déjà arrivé avec Chamakh, peste le président de M6, propriétaire des Girondins de Bordeaux. Sa déclaration ne m’émeut pas plus que ça mais je la regrette car elle est inutile pour le joueur et le club. Les choses sont claires: Yoann Gourcuff sera Bordelais." Aulas se dit prêt à revenir à la charge en fin de mercato.
Une (nouvelle) saison pour convaincre
Christophe Le Roux est affirmatif: "Yoann est requinqué, il a envie de tout croquer! Il a un état d’esprit positif pour bien redémarrer." Le jeu pratiqué en préparation lui a mis du baume au coeur. "Il y a eu de belles phases, l’équipe affiche une vraie identité avec du mouvement, c’est prometteur", souriait-il au bout d’une avant-saison convaincante (4 victoires, 1 nul). Principale bénéficiaire de ses offrandes, le complice Chamakh s’est envolé . L’animation bordelaise va évoluer: Jean Tigana compte placer Gourcuff en son centre, derrière deux attaquants (Cavenaghi-Gouffran). Elle rappelle sa première saison en Gironde, triomphale (12 buts, 10 passes décisives). Son père cautionne à distance: "J’ai bien aimé ce que j’ai vu lors des matches amicaux."
En revanche, le paternel grimace quand on évoque l’année de la confirmation. "J’entends ça depuis quatre ans. D’abord, Yoann devait absolument s’imposer à Milan, ensuite réussir son retour en France à tout prix, puis encore s’affirmer l’an dernier… Il connait la chanson." Suspendu pour deux matches, Gourcuff ne retrouvera pas le maillot bleu avant France-Roumanie, le 9 octobre. Il a deux mois pour réussir un bon tour de passe-passe : reprendre le gouvernail dans l’ancienne équipe de Laurent Blanc pour mieux se faire une place dans sa nouvelle. A en croire les déclarations d’Anelka dans France Soir cette semaine (*) , le changement de sélectionneur ne sera pas pour lui déplaire.
(*) "Quand vous entendez le coach (Domenech) dire 'C’est un agneau qui ne demande qu’à se faire couper la tête, eh bien je vais lui couper', c’est à se demander qui veut du bien ou du mal à Yoann."
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