Retour sur le mercredi 25 novembre, première mi-temps du match Bordeaux-Chelsea sur TF1. Un soir de Ligue des Champions. Yoann Gourcuff récupère un ballon sur la ligne médiane. « Le coup du foulard » sur deux joueurs du club londoniens. Le (beau) geste est aussi spontané que génial. Surpris autant que vexé, John Terry, figure emblématique du football anglais, et dont le nom et l’allure évoquent plus un révolté de la Bounty qu’un Lord de la chambre, plaque le jeune insolent, laissant traîner au passage ses crampons sur le dos du français. La faute sonne comme un rappel à l’ordre. Faire ce genre de feinte à John Terry, c’est un crime de lèse majesté. Je hurle moi aussi au crime : protégeons les artistes ! Sortez ce rustre de John Terry Monsieur l’arbitre !
La suite est pour le moins surprenante. On pourrait s’attendre à ce que l’apprenti-sorcier se soumette au donneur de leçon au palmarès et à la carrière déjà bien remplie. Pourtant, aussitôt relevé, Gourcuff vient tancer le capitaine anglais du regard. L’attitude est franche et sans équivoque. Le message est clair : il ne se laissera plus faire. La scène se donne à voir comme un rite d’institution. L’institution d’un nouveau statut. Celui de quelqu’un doté d’un pouvoir d’indignation. Comme dans les meilleurs documentaires du National Geographic, quand deux animaux se préparent au combat, Gourcuff teint tête et il parade. Sur le moment, je pense qu’aussi insupportable qu’elle soit pour le joueur, la ressemblance avec Zidane est de plus en plus flagrante. L’artiste a aussi du caractère, et il l’affirme face au plus grands. Ce qui a sans doute cruellement manqué à un certain Philippe Vercruysse, un temps pressenti comme le nouveau Platini au milieu des années 80 et auquel je repense à ce moment précis. Comme Zidane (en provenance de Cannes) et Gourcuff, Vercruysse était arrivé d’un club « middle class » pour prendre son envol au Girondins de Bordeaux. Vite catalogué comme trop gentil, il aura fait une belle carrière, sans atteindre les sommets de celui qui l’avait précédé. Je fais le pari qu’il en sera tout autrement pour Gourcuff. A peine le temps de me le dire, et le voilà qui enchaîne deux roulettes très « zidaniennes » avant d’adresser un tir spontané difficilement détourné par le gardien de Chelsea. L’attitude et le talent : de vraies dispositions pour une carrière à la … J’arrête là, il paraît que ça l’agace !Thierry Teboul (l'express)
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