S'il semble prématuré de prédire à Yoann Gourcuff un destin à la Zidane, force est de constater que le Breton apparaît plus constant que le champion du monde 1998 au même âge. Crédits photo : AP
FOOTBALL - La nouvelle star de la Ligue 1, présentée comme le digne successeur de Zinédine Zidane, n'en finit plus d'étinceler.
Il a été l'homme du match contre le PSG (4-0), qui a permis à Bordeaux de revenir à un point de Lyon, avec une passe décisive et un but lumineux après une roulette et un double contact. Commentaire de l'intéressé : «L'action se déroule très rapidement. Je ne me suis pas posé trop de questions. C'est un but d'instinct.» Buteur, passeur… Il a déjà tout d'un grand. Décryptage d'un phénomène.
• Pourquoi explose-t-il cette saison ? Formé à Rennes, Yoann Gourcuff a parfait son apprentissage de 2006 à 2008 au Milan AC. Le champion d'Europe des moins de 19 ans, victime d'une forte concurrence chez les Rossoneri, avait presque connu une saison blanche l'année dernière. Prêté cet été à Bordeaux, il s'est vu confier les clés de l'entre-jeu par Laurent Blanc. Titulaire indiscutable dans un club évidemment moins huppé, il a eu la possibilité de s'exprimer à son poste de prédilection de meneur axial. Mis en confiance, il s'est construit un vrai physique lui permettant d'enchaîner les performances.
• Est-il en avance par rapport à Zidane ? La comparaison inévitable avec son glorieux aîné se justifie par ses exploits à répétition. Les deux joueurs à la morphologie similaire - ils mesurent 1,85 m - se ressemblent dans la gestuelle, dans la capacité à aimanter le ballon et à délivrer des passes décisives. C'est en Gironde que Zidane a éclos de 1992 à 1996. Zidane ? Un héritage lourd à porter : «L'épée de Damoclès, c'est la comparaison avec Zidane. Dès qu'il va faire quatre matchs moins bons tout le monde va lui tomber dessus. En montant en gamme, on s'expose plus ; c'est le piège », analyse Gilles Dumas, directeur de SportLab Group, une agence marketing. S'il est prématuré de prédire à Gourcuff, un destin à la Zidane, force est de constater que le Breton apparaît plus constant que le champion du monde 1998 au même âge.
• Est-il déjà incontournable chez les Bleus ? Alors que Karim Benzema, l'autre grand espoir français, n'a pas encore complètement convaincu avec les Bleus, Gourcuff, six sélections, s'est déjà imposé chez les A. Il n'était pourtant encore que remplaçant avec les Espoirs en mars 2008… Pour sa première titularisation contre la Serbie, en septembre, il a illuminé le jeu des Bleus. Auteur d'un but, il a ensuite été déterminant contre la Roumanie, sauvant au passage la tête de Raymond Domenech.
• Quelle est sa marge de progression ? Outre sa capacité à gérer les temps forts et les temps faibles (voir ci dessous), il lui reste à s'imposer dans un grand club européen où la concurrence sera plus exacerbée qu'en France. À Bordeaux, le système de jeu est pensé pour lui.
• Va-t-il rester à Bordeaux ? Prêté aux Girondins avec option d'achat (15 millions d'euros), l'enfant de Ploemeur se garde bien de donner prise au jeu des spéculations. Les dirigeants du Milan AC, club auquel il appartient - où il touchait la saison dernière 1,20 M€ brut par an -, ont annoncé il y a quelques semaines leur intention de le faire revenir dans la capitale lombarde. «Je ne pense pas qu'ils veulent le récupérer. Pour eux, mieux il flambe, mieux c'est», confie un agent. Une certitude, Bordeaux est disposé à s'acquitter de la clause libératoire. Le principal intéressé sera-t-il d'accord pour continuer son aventure en Gironde ? «Si Bordeaux dispute la Ligue des champions la saison prochaine, il devrait rester une année supplémentaire. Il ne serait pas forcément judicieux de repartir à l'étranger. Surtout une année de Coupe du monde où il est dangereux de risquer une place de titulaire», poursuit l'agent. Si Gourcuff demeure en Gironde, son salaire estimé à 350 000 € mensuel devrait être réévalué.
• Quelle valeur a-t-il pour les sponsors ? Le Bordelais au sourire «ultrabright» attise les convoitises. Au point de voir un impresario essayer de doubler Didier Poulmaire, son avocat. «La différence entre un champion et une vedette tient à la capacité de la seconde à exister en dehors de la sphère sportive », éclaire Gilles Dumas. L'actuel changement de statut de Gourcuff aiguise déjà l'appétit des annonceurs. «Nous privilégions les contrats ciblés où sa personnalité et ses aspirations seront mises en valeur. Il s'agit de créer une famille de partenaires accompagnant l'athlète plutôt que de multiplier les coups. L'argent n'est pas la première préoccupation de Yoann. L'idée étant que l'entreprise l'intègre à sa stratégie marketing», révèle Me Poulmaire. Éprouvée avec Amélie Mauresmo et Laure Manaudou, la méthode Poulmaire a conduit les parents de Yoann Gourcuff à solliciter son savoir-faire. Pour l'heure sous contrat avec Adidas uniquement, le Breton, qui a refusé quelques offres ces dernières semaines, pourrait s'engager sur la longue durée avec un opérateur de téléphonie mobile et devrait participer à une campagne sanitaire organisée par l'Union européenne et l'UEFA. ( le figaro)
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