Un enfant de la balle
5 janvier 2009
Le fils de l'entraîneur historique de Lorient. Le premier international breton depuis dix ans. Un symbole du rajeunissement de l'équipe de France. Avant tout cela, Yoann Gourcuff est un enfant de la balle, touché par la grâce du talent, guidé par la passion du jeu et porté par le goût de la compétition.
Un jour, il lui a fallu choisir entre le football et le tennis. La légende dit que c'est en février 1998, après sa victoire à l'Open Super 12 d'Auray, que Rafaël Nadal, onze ans et demi, opta définitivement pour le tennis. Battu au premier tour le lundi précédent, le seul Breton ayant franchi l'obstacle des qualifications était alors confronté au même dilemme. Yoann Gourcuff, plus jeune de cinq semaines que l'actuel nº 1 mondial de tennis, mit encore un an à se déterminer. Il le fit à front renversé de l'Espagnol. La pertinence des choix est une des qualités que les champions possèdent en partage.
« Il lui fallait une balle »
Quoi qu'en disent les astrologues, Yoann Gourcuff est du signe de la sphère. On peut en douter, opposer l'acquis à l'inné, évoquer l'influence extérieure, celle de l'environnement familial... Mais non, ça ne tient pas. « Son grand frère, Erwan, était plus attiré par la natation ou le vélo », se souvient Marine Thalouarn, sa maman. « Yoann, il lui fallait une balle. » La première qui ait laissé une trace dans la mémoire familiale était gigantesque pour un petit bonhomme de douze mois. C'était un ballon de foot noir et blanc formé de 32 panneaux de cuir cousus à la main, comme on les faisait alors. L'histoire remonte au siècle dernier. Une autre époque. Un temps où les familles participaient aux stages d'avant-saison. Un temps où les étés bretons étaient si chauds que les équipes de l'Ouest prenaient la direction des montagnes.
« Il était déjà précis »
Christian Gourcuff, entraîneur-joueur du Mans, avait emmené sa troupe à Morbier, dans le Jura. Tandis que les footballeurs « footballaient », les enfants batifolaient dans l'herbe grasse. Le petit Yoann, dans les parages immédiats de son premier anniversaire, poursuivait « à quatre pattes », un des ballons d'entraînement. Une main puis deux sur la grosse boule de cuir et il se redressa. Ce furent ses premiers pas. Balle au pied. Au fil des années, le ballon rétrécit. Sept ans plus tard, il était devenu un compagnon docile pour le petit garçon qui accompagnait son papa lors des entraînements d'un FC Lorient semi-professionnel. « Il était toujours derrière le but à jouer avec un ballon », se souvient Christophe Le Roux, le leader de l'équipe à l'époque. « Souvent, il adressait quelques frappes à Philippe Schuth, notre gardien. A la fin des entraînements, nous nous faisions parfois des passes. Il était passionné, il vivait pour le foot. » En désignant le petit muret jouxtant sa maison, sa maman esquisse un large sourire. « Il passait des heures à taper sur ce mur. C'était un besoin chez lui de shooter dans le ballon. » Ni les fleurs, ni les carreaux du voisinage ne s'en souviennent, car « il était déjà précis ». Ces exercices solitaires n'étaient qu'un pis-aller destiné à meubler entre deux matchs. Ceux joués dans la cour de l'école Lomener-kerroch, où la directrice Monique Nedelec n'a pas oublié ce garçon « au-dessus du lot mais pas personnel » ; ceux disputés dans les équipes du FC Lorient, où il a commencé à cinq ans en débutants, sans licence puisqu'on ne les délivrait déjà qu'à six.
« On peut remercier le grand-père de Diego »
Et puis, surtout, les « deux-deux » disputés avec ses copains de toujours, et d'aujourd'hui encore, Benjamin Perron, Dimitri Le Grand et Diego Yesso, dans la propriété du grand-père de ce dernier. Les arbres du parc se souviennent qu'il y avait du talent au mètre carré : tous ont joué au minimum en CFA 2 et deux d'entre eux ont été professionnels. « On peut remercier le grand-père de Diego, qui les invitait toutes les semaines. C'est peut-être lui qui a déclenché sa vocation », ose la maman. Peut-être remercier Diego lui-même, qui précéda son copain au Centre de préformation de Ploufragan (Côtes-d'Armor) en faveur duquel le petit Yoann se détermina lorsqu'il dut choisir entre la petite et la grosse balle. Les profs de tennis du Creps de Poitiers ne le verront jamais arriver.(le télégramme)
« Il lui fallait une balle »
Quoi qu'en disent les astrologues, Yoann Gourcuff est du signe de la sphère. On peut en douter, opposer l'acquis à l'inné, évoquer l'influence extérieure, celle de l'environnement familial... Mais non, ça ne tient pas. « Son grand frère, Erwan, était plus attiré par la natation ou le vélo », se souvient Marine Thalouarn, sa maman. « Yoann, il lui fallait une balle. » La première qui ait laissé une trace dans la mémoire familiale était gigantesque pour un petit bonhomme de douze mois. C'était un ballon de foot noir et blanc formé de 32 panneaux de cuir cousus à la main, comme on les faisait alors. L'histoire remonte au siècle dernier. Une autre époque. Un temps où les familles participaient aux stages d'avant-saison. Un temps où les étés bretons étaient si chauds que les équipes de l'Ouest prenaient la direction des montagnes.
« Il était déjà précis »
Christian Gourcuff, entraîneur-joueur du Mans, avait emmené sa troupe à Morbier, dans le Jura. Tandis que les footballeurs « footballaient », les enfants batifolaient dans l'herbe grasse. Le petit Yoann, dans les parages immédiats de son premier anniversaire, poursuivait « à quatre pattes », un des ballons d'entraînement. Une main puis deux sur la grosse boule de cuir et il se redressa. Ce furent ses premiers pas. Balle au pied. Au fil des années, le ballon rétrécit. Sept ans plus tard, il était devenu un compagnon docile pour le petit garçon qui accompagnait son papa lors des entraînements d'un FC Lorient semi-professionnel. « Il était toujours derrière le but à jouer avec un ballon », se souvient Christophe Le Roux, le leader de l'équipe à l'époque. « Souvent, il adressait quelques frappes à Philippe Schuth, notre gardien. A la fin des entraînements, nous nous faisions parfois des passes. Il était passionné, il vivait pour le foot. » En désignant le petit muret jouxtant sa maison, sa maman esquisse un large sourire. « Il passait des heures à taper sur ce mur. C'était un besoin chez lui de shooter dans le ballon. » Ni les fleurs, ni les carreaux du voisinage ne s'en souviennent, car « il était déjà précis ». Ces exercices solitaires n'étaient qu'un pis-aller destiné à meubler entre deux matchs. Ceux joués dans la cour de l'école Lomener-kerroch, où la directrice Monique Nedelec n'a pas oublié ce garçon « au-dessus du lot mais pas personnel » ; ceux disputés dans les équipes du FC Lorient, où il a commencé à cinq ans en débutants, sans licence puisqu'on ne les délivrait déjà qu'à six.
« On peut remercier le grand-père de Diego »
Et puis, surtout, les « deux-deux » disputés avec ses copains de toujours, et d'aujourd'hui encore, Benjamin Perron, Dimitri Le Grand et Diego Yesso, dans la propriété du grand-père de ce dernier. Les arbres du parc se souviennent qu'il y avait du talent au mètre carré : tous ont joué au minimum en CFA 2 et deux d'entre eux ont été professionnels. « On peut remercier le grand-père de Diego, qui les invitait toutes les semaines. C'est peut-être lui qui a déclenché sa vocation », ose la maman. Peut-être remercier Diego lui-même, qui précéda son copain au Centre de préformation de Ploufragan (Côtes-d'Armor) en faveur duquel le petit Yoann se détermina lorsqu'il dut choisir entre la petite et la grosse balle. Les profs de tennis du Creps de Poitiers ne le verront jamais arriver.(le télégramme)
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