C'EST une gueule d'ange qui a endossé le costume de sauveur, samedi soir. En inscrivant le but de l'égalisation d'une frappe des trente mètres sous la transversale, Yoann Gourcuff a évité aux Bleus un naufrage en Roumanie. Il a, au passage, évité la porte à Raymond Domenech. Mieux, sa parfaite entente avec Franck Ribéry donne un nouveau souffle à une équipe de France annoncée comme souffreteuse (lire ci-contre) . En quatre sélections, le néo-Bordelais a conquis ses galons de titulaire. Il avait bluffé tout son monde en rendant une partition impressionnante lors de France - Serbie (2-1). Le milieu offensif a confirmé à Constanta sa capacité à faire face à la pression dans un contexte très difficile. « La révélation », « le nouveau Zidane », les qualificatifs s'amoncellent déjà ! Lui reste pondéré. Comme ses proches. « Son atout ? C'est son humilité et sa maturité », analyse Christian, son père. « A l'AC Milan (NDLR : où il a évolué deux saisons entre 2006 et 2008), il était entouré de grands joueurs et d'anciens. Il ne pouvait pas rouler des mécaniques, reprend l'entraîneur de Lorient. En Italie, il a été confronté à tout un environnement particulier autour du foot. Cette expérience a accéléré sa formation. Il a plus de recul que pas mal de garçons au même âge. » « Ce n'est pas un surdoué » Pourtant, le jeune meneur de l'équipe de France (22 ans) ne faisait pas partie des talents précoces, à la différence de Benzema ou Ben Arfa. « Chez les jeunes, Yoann n'a pas eu de progression fulgurante. Il n'était pas au-dessus du lot. Je n'ai jamais eu de certitudes. Ce n'est pas un surdoué, mais plutôt un garçon qui a su s'adapter chaque fois qu'il a gravi un échelon », reconnaît Christian Gourcuff. Formé à Lorient, en 2003 il suit son père alors à Rennes avant de rejoindre la Lombardie. Lors de ses premières prestations avec les Rossoneri, il éclabousse de son talent le jeu des Milanais. La presse italienne l'encense. « Je me disais qu'il pouvait faire quelque chose de grand », explique son père. Victime d'une blessure, il est relégué sur le banc de touche. Malgré tout, pour sa première saison, il affiche un bilan honorable avec 21 matchs en Serie A. La seconde se révélera plus difficile. Direction les Girondins de Bordeaux à la dernière intersaison pour retrouver du temps jeu. Un pari gagnant pour Laurent Blanc. Prêté, le jeune Breton enfile vite la tunique de « leader technique » des Girondins. « Il est capital d'en posséder au moins un dans une équipe, précise son entraîneur. Il peut jouer à plusieurs postes au milieu, mais je pense que c'est dans l'axe, en soutien du ou des attaquants, qu'il est le plus performant, dans ce que j'appelle le coeur du jeu. » Facile « techniquement », doté d'une grosse frappe de balle et d'une excellente vision du jeu, Gourcuff a franchi un cap au niveau physique. « Il est désormais capable d'enchaîner les matchs tous les trois jours. Et, avec cette résistance, il peut laisser libre cours à son jeu. C'est à ce niveau qu'il m'a sidéré », reprend son père. Mais c'est en dehors du terrain qu'il surprend. A 22 ans, il gère sa carrière sans avoir recours à un agent, encadré par son père et un conseiller juridique, Didier Poulmaire, qui défend également les intérêts de Laure Manaudou. Et Laurent Blanc de prédire : « Il fera une grande carrière internationale. Si son mental suit… »
Le Parisien
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