Romain Schneider
08/10/2008 |
08/10/2008 |
Prêté par le Milan AC, Yoann Gourcuff est la grosse satisfaction bordelaise de ce début de saison.
En grande forme, le jeune stratège bordelais partage de nombreux points communs (taille, gestuelle, technique) avec «Zizou». Mais le plus dur est à venir : confirmer son statut d'héritier.
C'est un héritage lourd à porter, un fardeau même. Ne demandez pas à Yoann Gourcuff, 22 ans, s'il se voit comme le nouveau Zidane. Il vous répondra que vous êtes hors sujet. Samir Nasri n'avait pas réagi autrement la saison dernière quand la presse avait évoqué sa filiation avec son glorieux aîné : «Il faut arrêter avec Zidane», rappelait le joueur d'Arsenal. Il est vrai que les médias ont tendance à voir des «petits» Zizou un peu partout. Et pas toujours pour de bonnes raisons. Parallèle tentant, les Mourad Meghni, Samir Nasri ou encore Camel Meriem, meneurs de jeu, ont tout comme Zidane des racines familiales en Afrique du Nord. À un moment ou un autre, ils ont été comparés avec le maître… Meghni brillait avec les sélections jeunes. À 24 ans, il végète aujourd'hui en Italie à la Lazio Rome. L'équipe nationale est désormais très loin.
Yoann Gourcuff n'est pas kabyle mais breton. Mais «footballistiquement» parlant, il y a du Zidane dans Gourcuff. La comparaison semble pertinente car les deux joueurs, à la morphologie similaire - ils mesurent la même taille (1,85 m) -, se ressemblent dans la gestuelle, dans la capacité à aimanter le ballon et à délivrer des «caviars». «À 15, 16 ans, on ne voulait pas dire que c'était le futur Zidane. On nous aurait pris pour des fous», s'amuse Patrick Rampillon, son formateur à Rennes. «Yoann a toujours “pué” le foot dans son expression avec le ballon et dans son intelligence. À l'époque, tout le monde le critiquait, car il n'était pas assez vite au niveau des jambes et qu'il se dispersait beaucoup physiquement. Je me disais si son mental est un jour à la hauteur de son talent cela pourra faire très mal», poursuit Rampillon.
«Qu'on le laisse grandir»
Marius Trésor, qui travaille depuis plusieurs années dans le staff des Girondins de Bordeaux, a vu éclore Zidane en Gironde de 1992 à 1996. Il ne préfère pas s'aventurer sur le terrain de la comparaison : «À chaque fois qu'on a un numéro 10 en France, on veut le comparer à Zidane. Qu'on laisse Yoann grandir ! C'est lui mettre un poids sur les épaules », avant de constater : «Quand Zidane évoluait avec les Girondins, c'était le garçon qui pouvait faire basculer un match en une mi-temps. Il avait du mal à tenir 90 minutes. Gourcuff se disperse un peu moins physiquement. Yoann est plus constant. Il faut dire qu'il a évolué dans un grand club avec le Milan AC.»
Avant son passage à Bordeaux, Zidane, formé à Cannes, n'avait pas connu de club étranger. Gourcuff a parfait son apprentissage de 2006 à 2008 au Milan AC. Il y a pire. Silvio Berlusconi en personne a même dit : «J'ose définir Gourcuff comme le nouveau Zidane. Je crois vraiment en ses qualités.» À Milan, le «nouveau Zidane» a joué de poste en poste, passant de récupérateur à milieu latéral… quand il avait la possibilité de s'exprimer.
C'est-à-dire pas souvent, le champion d'Europe des moins de 19 ans, victime d'une forte concurrence, a presque connu une saison blanche l'année dernière. Prêté cet été à Bordeaux, il s'est vu confier les clés de l'entre-jeu par Laurent Blanc. Seule grosse satisfaction individuelle d'une équipe en rodage, Gourcuff s'impose déjà comme un titulaire en puissance chez les Bleus. Il n'a pas inscrit deux buts comme Zidane le jour de sa première apparition contre les Tchèques en 1996, mais dans le contexte très tendu entourant le dernier France-Serbie (2-1), Gourcuff a frappé fort pour sa première titularisation en trois sélections. Une passe décisive lumineuse pour Anelka, un missile sur la transversale et une capacité à percuter plein axe.
Il a pris ses responsabilités. Comme un grand. Ce qui ne surprend pas Rampillon : «Quand son père (Christian, aujourd'hui coach de Lorient) a été viré de Rennes en 2002, lui a décidé de rester au club. Il fallait être fort pour supporter tout ça à 17 ans. Au niveau mental, il était déjà très solide. Et puis à Milan, même s'il a peu joué, il a appris la culture de la gagne.» Une vertu qui a trop souvent échappé aux hommes de Domenech ces derniers mois.(le figaro)
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