L’irrésistible ascension de Yoann Gourcuff
01/03/2009
Parce qu’il est un garçon réservé dans un monde surexposé, parce que
les filles le trouvent beau et les journalistes bien élevé, parce que
le foot est chez lui un véritable choix et non un espoir d’ascenseur
social ; et parce qu’il a du talent comme peu : Yoann Gourcuff est un
joueur à part. Portrait d’un jeune garçon qui pourrait bien devenir le
Tabarly du football.
Si physiquement Yoann Gourcuff est né le 11 juillet à Lorient (et non à Ploemeur comme cela est écrit partout), médiatiquement le 10 septembre 2008 restera comme une date fondatrice de son parcours. Ce soir-là, au Stade de France, face à la Serbie, le public et les téléspectateurs occasionnels découvrent un jeune adulte d’1,85 m aux traits fins qui embellit la rencontre de sa grâce. Une passe décisive pour Nicolas Anelka, une frappe monstrueuse sur la barre, beaucoup de ballons touchés, des relais : un match plus que plein. Et alors ? Alors les Bleus venaient de perdre un match contre l’Autriche quatre jours plus tôt, Raymond Domenech était l’une des personnalités les plus critiquées de l’Hexagone et le jeu de l’Équipe de France n’était plus qu’une expression dénuée de réalité… C’est dans ce contexte-là que Yoann Gourcuff enfile pour la première fois de sa carrière le maillot de titulaire des Bleus. Plus qu’un tournant : un quitte ou double.
Sur France 3 Aquitaine, l’ancien champion du monde Bixente Lizarazu aura ce compliment : “Il a été excellent et surtout culotté dans un match qui sentait la poudre”. “Il y avait un enjeu terrible se souvient Christian, son père, entraîneur de Lorient. Sa performance a été énorme sur le plan mental”. Un autre Christian, Jean-Pierre celui-ci, commentait la rencontre pour TF1 : “La pression fut énorme sur ce match, et c’est dans ces moments précis que l’on distingue les joueurs de haut niveau. C’est quand c’est dur qu’on voit les durs. Le vrai test consistait à observer si ses partenaires lui donnaient des ballons. Or il a été constamment sollicité”. Lorsque l’on sait que le Breton jouait aux côtés de joueurs comme Henry, Anelka ou Ribéry, il s’agit d’un éloge flatteur. Même Patrick Rampillon le directeur du centre de formation de Rennes, plus connu pour son exigence que pour son exubérance, ne cache pas son admiration. Pour le formateur de Yoann Gourcuff, ce qu’a réalisé son ancien élève un soir de septembre à Saint-Denis, “ce n’est pas fort, c’est très fort. Ce n’est pas grand, c’est tout simplement géant”.
“De la trempe des très grands"
Ce soir-là, Domenech est sauvé, les suspicions sur la motivation des Bleus se diluent dans l’euphorie de leur bonne prestation. Et Gourcuff récidive. Un mois plus tard, le 11 octobre 2008, le nouveau meneur de la France marque son premier but en équipe nationale, pour sa deuxième titularisation. Une frappe lointaine et autoritaire. Sous la barre. N’en jetez plus, Yoann Gourcuff est en passe de devenir une idole.
Ce deuxième coup de force sonne comme une confirmation dans une France du football en manque de créateur. L’Équipe réserve sa Une au prodige, et les amateurs de foot lui réservent leurs conversations. Sur Internet, c’est un tourbillon de commentaires, de photos mises en ligne, d’articles, et de vidéos. L’enthousiasme des internautes sur Dailymotion ne s’estompe plus, bien au contraire. Car non seulement Gourcuff a marqué les esprits grâce à ses matches en bleu, mais il a inscrit des buts en championnat. Et pas des moindres. Contre Toulouse et Paris, dans un petit périmètre et alors qu’il est marqué à chaque fois par plusieurs défenseurs adverses, il se sort de ces pièges grâce à ses gestes techniques rares et finit par frapper pour faire se lever Chaban-Delmas, le stade de Bordeaux. Le genre de but qui repasse en boucle sur les télévisions et qui contribue à asseoir une réputation de joueur hors norme. Le genre de but que Silvio Berlusconi, son ancien président du Milan AC, a vu sur Internet, paraît-il.
“Il est de la trempe des très grands” reconnaît le Rennais Patrick Rampillon, qui avoue qu’il serait allé “chercher Yoann à genoux jusqu’à Ploufragan s’il avait fallu”. Même Eugène Saccomano, la voix du football sur RTL, a fini par succomber aux charmes footballistiques du milieu bordelais : “Des confrères italiens m’avaient signalé son manque de constance. Les Italiens croyaient qu’il ne deviendrait jamais un grand joueur. C’était l’avis de Carlo Ancelotti (entraîneur du Milan AC). Quand il a commencé à briller en Équipe de France, je n’étais pas complètement convaincu. Je dois avouer que j’ai changé d’avis depuis”. Des émissions qui n’ont rien à voir avec le football lui consacrent des reportages, la publicité lui fait les yeux doux. Ses vacances de Noël ont été suivies par les lecteurs et lectrices de Voici. Le Télégramme l’a élu “Breton de l’année”. Sans demander son avis au joueur, le magazine gay Têtu en a fait sa Une. Et la rumeur d’une liaison avec la nageuse Laure Manaudou a fini par confirmer par l’absurde qu’il faisait désormais partie des personnalités. Lorsque quelqu’un commence à ne plus s’appartenir, la célébrité n’est jamais loin.
En janvier, le quotidien L’Équipe refaisait sa Une avec Yoann Gourcuff. En fondu, le visage de Zinédine Zidane. Barré de ce titre évocateur, le journal proclamait : “Le successeur”. “C’est une belle histoire, souffle Christian Jean-Pierre. Ce fils d’un entraîneur lorientais qui réussit à ce point-là, qui atteint un niveau assez exceptionnel. Maintenant, la seule chose qui va changer, c’est ce qu’il a dans la tête”. Or, sous le regard rentré et parfois un peu méfiant de Yoann Gourcuff se cache une conscience des évènements, une réflexion sur ce qui lui arrive.
On dit de lui qu’il est timide. On préférera réservé. On dit de lui qu’il est distant. On préférera remarquer que le jeune homme est prudent. Yoann Gourcuff est le fils d’un professeur de mathématiques devenu entraîneur de football et d’un médecin. Il a reçu une éducation structurée à Lorient, fondée sur des valeurs fortes de travail, d’honnêteté et d’excellence. En 2009, Yoann continue à fréquenter les mêmes personnes que lorsqu’il était en primaire et au collège. Ce que relève Marine, sa mère : “Pour se ressourcer, Yoann partage des moments avec ses amis d’enfance. Ce n’est pas anodin”.
“L’humilité, le sérieux, les valeurs”
Bien que ses parents aient divorcé au début de son adolescence, le jeune homme est resté très proche d’eux. Son père représente un guide. Qu’il consulte, sonde, écoute. Il n’est pas rare que Yoann dise “on” plutôt que “je” dans ses interviews, comme si tout avait été réfléchi en amont avec son père. Des “on” qui traduisent un mimétisme entre le père et le fils. Confirmation de la maman de Yoann : “C’est vrai que Christian et lui se ressemblent. Ils peuvent paraître un peu distants, mais c’est juste qu’ils ont besoin de temps pour accorder leur confiance”. Validation définitive du père : “Même si chacun a son caractère, on est attachés aux mêmes choses : l’humilité, le sérieux, les valeurs. Ce qui nous est le plus étranger, c’est la superficialité”.
Les Gourcuff ne se livrent pas facilement. Ils ont besoin de jauger, d’observer. Olivier Moulac a été le responsable de la scolarité de Yoann Gourcuff, lorsque celui-ci était en centre de préformation à Ploufragan, dans les Côtes-d’Armor. Il se souvient avoir vu arriver un garçon de 12 ans “timide, voire suspicieux vis-à-vis de l’adulte. Mais qui avait une grande capacité d’adaptation”. En 2001, c’est à Rennes que Yoann arrive, en même temps que son papa, nommé entraîneur du Stade Rennais. Et Patrick Rampillon se souvient lui aussi d’un “adolescent en retrait par rapport aux adultes”. Ce qui n’empêchait pas des signes évidents de maturité : “L’année de son bac, j’ai dû casser ma méthodologie car Yoann voulait réviser sans les autres élèves. Il avait besoin d’autonomie. Et il a eu son bac”. Alors qu’il avait déjà effectué des matches en professionnel, le jeune homme s’était même inscrit à l’université de Rennes. Au cas où… Ce qui rend le plus fier Christian Gourcuff, c’est la manière dont son fils appréhende son nouveau statut : “Face à ce tourbillon médiatique, j’aime sa faculté à faire face. J’apprécie son comportement. Car les dons ne suffisent pas”.
Cette mise en garde paternelle, Yoann semble l’avoir intégrée. Le jeune homme se sait doué pour le football. Mais s’il a un jour arrêté le tennis pour le ballon rond, c’est bien parce que le deuxième sport cité permet de jouer collectivement. “Yoann ne s’isole jamais, il est timide mais pas solitaire, analyse Olivier Moulac, le formateur de Ploufragan. Des garçons comme Ben Arfa ou Benzema ont tendance à montrer des choses plus personnelles”. On y vient. Yoann Gourcuff a 22 ans, il joue en équipe de France, mais semble prendre tout cela avec un recul certain.
Pour nombre de jeunes en centre de formation, le foot est un espoir de réussite sociale et surtout financière. Pour des garçons qui ont grandi dans des milieux défavorisés, l’appât du gain fait partie des sources de motivation. Un bon joueur de Ligue 1 gagne suffisamment d’argent pour pouvoir aider sa famille. Celle de Yoann Gourcuff n’en a pas besoin et le jeune homme lui-même n’a pas cette faim pécuniaire propre à ceux qui ont longtemps manqué de tout. C’est aussi cela sa particularité. En plus d’une certaine maturité, il y a une forme de décontraction dans l’attitude de Yoann Gourcuff. Ce que résume son ami Romain Danzé, qui joue actuellement au Stade Rennais et qui connaît bien Yoann depuis l’adolescence, pour avoir fréquenté les mêmes centres de préformation et formation : “Le style Gourcuff, c’est celui de tout le monde. Il y a beaucoup de footballeurs qui ont moins de talent que lui et qui se la jouent bien plus caïd”.
On comprend mieux pourquoi, lorsque l’on demande à Yoann quels sont ses amis en Équipe de France, il parle de Jérémy Toulalan et d’Hugo Lloris : deux joueurs discrets, au langage policé. Un observateur du milieu du football va plus loin : “Hatem Ben Arfa se comporte parfois comme un voyou, et Karim Benzema a connu un environnement familial mouvementé. Que voulez-vous que ces deux garçons-là partagent avec un jeune homme comme Yoann Gourcuff ?”. Dans un milieu où les joueurs sont aussi le reflet de ceux qu’ils laissent graviter autour d’eux, Olivier Moulac résume l’entourage de Yoann Gourcuff à ceci : “Sa maman, son papa. Et lui-même, à vrai dire”. On pourrait rajouter Maître Didier Poulmaire, le conseiller qu’il partage avec Laure Manaudou depuis trois ans. Un avocat plutôt qu’un agent. Un bouclier supplémentaire face aux pressions extérieures.
Naturel et classique
Yoann Gourcuff n’est pas Maradona mais les gens se retournent dans la rue et il se sait observé. Il était parti à Milan avec, déjà, le statut du “nouveau Zidane” et de grand espoir du football français. Il en est revenu avec encore beaucoup de choses à prouver. Cette saison, et notamment grâce à l’Équipe de France, le milieu de terrain semble asseoir sa nouvelle dimension. Et puis, l’époque est propice pour ce joueur bien sous tous rapports. Pour Olivier Moulac, son formateur de l’époque innocente de Ploufragan, “Yoann arrive en effet peut-être au bon moment. Il est naturel et classique. Cela nous change du courant rap/playstation. Il manquait peut-être une belle gueule au football français”. Si Yoann se bâtit un palmarès, il deviendra pour la Bretagne ce que Zidane est à la Kabylie et à la ville de Marseille : une icône. On pense aussi à Éric Tabarly. Une gueule, peu de mots aux médias, des amis de toujours, du talent. Christian Gourcuff prévient : “Quand on devient une star, on cesse d’être un sportif. Pour moi, Beckham est une star, Zidane non”. Tabarly n’était pas une star, il était une légende. À Yoann Gourcuff d’écrire la sienne.
Bretons : On parle souvent de votre ressemblance dans le jeu avec Zinédine Zidane. On ne reviendra pas, ici, sur la comparaison technique. Mais comme lui, vous subissez de plus en plus de fautes. Comment gérez-vous cette pression physique croissante de la part de vos adversaires ?
Yoann Gourcuff : C’est énervant, en effet. Je n’ai rien contre les coups quand ils font partie du jeu, quand ils sont donnés sans intention de faire mal, de blesser, ou de se venger de quelque chose. Mais depuis que je suis allé en Équipe de France, je subis un marquage plus serré et plus dur de la part de mes adversaires lors de mes matches avec Bordeaux. C’est une nouvelle donne que je dois prendre en compte.
Comment analysez-vous votre propre jeu ?
Je suis un joueur collectif. Mon souci est de bien faire jouer l’équipe. Je m’efforce d’être très généreux vis-à-vis de mes partenaires, que ce soit dans l’effort physique pour offrir des solutions ou dans les passes que je leur donne. Mon souci, je le répète, se résume à bien faire jouer l’équipe. Techniquement, quand j’ai des situations compliquées où je ne peux pas faire de passes, je prends le risque et la responsabilité de tenter des dribbles (cf. son incroyable but contre le PSG). Ce qui est difficile, dans le football, c’est de savoir quand on doit faire la passe. En ce moment, mes partenaires me font confiance, me cherchent dans le jeu. Ça me donne envie d’essayer de les soulager par je ne sais quel moyen, de bonifier leurs ballons, ou de marquer des buts quand je suis en situation de le faire. Cette confiance que je reçois, j’ai envie de la rendre.
Après votre expérience de deux ans au Milan AC, vous avez choisi de revenir en Ligue 1, dans un club moins riche. Quel regard portez-vous sur le lien entre l’argent et le monde du football ?
Il y a beaucoup d’argent dans le football, je ne peux pas le nier. Mon père comme moi, je crois qu’on privilégie plutôt l’aspect sportif. Se sentir bien dans un endroit ou apprécier la qualité de vie au quotidien, c’est important pour moi. Ce qui ne m’empêche pas de gagner ma vie, ou de bien gagner ma vie en fonction de ce que je fais sur le terrain. Parfois, je me sens un peu en décalage avec certaines personnes ou avec le milieu du foot. J’ai intégré ça depuis un moment déjà. À Milan, c’était déjà plus le cas qu’à Bordeaux. Tous les joueurs étaient des stars, moi pas du tout. Ils avaient des façons de vivre différentes de la mienne. Je me sens un peu en décalage pour ce qui touche à l’argent. Je ne suis pas obnubilé par l’argent ou les signes extérieurs de richesse. Mon argent, je préfère le placer que le dépenser. J’ai quelques investissements immobiliers en Bretagne. Je m’y intéresse, mais mes parents et des gens qui connaissent l’immobilier sont là pour me conseiller et pour éviter que je fasse des bêtises.
Tous les observateurs ont particulièrement salué votre performance lors du match contre la Serbie. Dans un contexte hors norme – un match au Stade de France, une première titularisation chez les Bleus, et un sélectionneur sur la sellette –, vous avez réalisé une performance de classe. Comment avez-vous fait pour composer avec cette pression ?
Jusqu’à présent, je n’avais jamais joué un match de football dans un contexte aussi particulier et avec une pression aussi forte. Les gens n’arrêtaient pas de critiquer dans tous les sens l’Équipe de France et Raymond Domenech. Il s’agissait de ma première titularisation et franchement, cela pouvait être un tournant dans ma carrière. J’ai essayé de transformer cette pression en énergie positive. Pour finalement être infatigable et débordant d’énergie. J’ai fourni beaucoup d’efforts, et j’avais l’impression de pouvoir jouer trois matches d’affilée. Je courrais, je ne sentais pas la fatigue. Sur le terrain, j’étais presque… ému de jouer. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais c’était des sensations très fortes, très particulières. Je ne pensais pas que j’aurais pu jouer un match de foot avec autant d’émotions.
Êtes-vous content de ce qui vous arrive ?
Je suis payé pour faire une activité qui est ma passion. Pendant très longtemps, c’était même un loisir. C’est génial. Je ne vais pas faire la tête en arrivant sur un terrain. Au contraire, j’ai très envie de faire du spectacle, d’être très souriant, de montrer que je suis content d’être là.
Est-ce que les louanges qui pleuvent sur vous vous font peur ?
J’essaie de ne pas lire ce qui s’écrit sur moi, et de ne pas entendre ce qui se dit, de faire abstraction de tout ça. Je lirais ça plus tard, pendant des vacances ou même après le foot, et sûrement avec beaucoup de plaisir. Je me sens bien en ce moment mais je me souviens qu’il y a quelque mois j’étais remplaçant à Milan et que je mourrais d’envie de jouer au foot. Je peux très bien retourner dans l’anonymat. Les choses vont vite dans le football. J’évite juste de prendre des risques.
Comment faites-vous pour vous préserver du football ?
Je joue des matches tous les trois jours et il est vrai que le foot, c’est mon quotidien. C’est important pour moi de m’aérer l’esprit. Si je ne pense qu’au football, je me lasse. Pendant les heures de pause, je ne joue pas à des jeux de foot sur Playstation. Je reste chez moi tout seul, je sors, je me balade, je lis, je regarde des films. De toute façon, si je ne sors pas la tête du foot, je deviens moins performant en match ou à l’entraînement.
Quand allez-vous prendre une décision concernant votre avenir à Bordeaux ?
… En avril. Il y a des échéances importantes qui arrivent pour le club. On est qualifié pour la finale de la Coupe de la Ligue, encore en course en UEFA, bien placé en championnat : cette saison peut-être exceptionnelle pour les Girondins de Bordeaux.
On associe beaucoup Zidane à la Kabylie. En Bretagne, Éric Tabarly fait partie des icônes liées à la région. Assumeriez-vous de devenir, comme lui, un symbole régional ?
Le football est un sport qui a une forte audience populaire, mais Éric Tabarly faisait de la voile. Et dans la voile, il y a quelque chose de très sauvage, de très lié à la nature, de très breton quelque part. Plus que le foot. Je ne sais pas si je suis comparable à Éric Tabarly, mais ce lien entre lui et la région est très beau. J’ai beaucoup de reconnaissance pour la Bretagne et comme tous les Bretons je suis susceptible de représenter ma région. Si un jour je dois en devenir un symbole, cela ne me dérangerait pas, puisque je suis très fier d’être breton.
Que vous reste-t-il de la Bretagne aujourd’hui ?
Beaucoup de choses. J’essaie d’y retourner pour me ressourcer dès que je peux. Je revois toujours mes copains de Lorient, où j’ai habité jusqu’à l’âge de 13 ans. Je lis de temps en temps la presse bretonne, mais pas au quotidien. Ma famille vit là-bas. Pour mon père comme pour moi, cette région convient bien à notre personnalité, notre façon de vivre, de penser. On est un peu distant au premier abord, assez réservé, mais nous sommes vrais et francs. On n’a pas cette chaleur naturelle avec les gens que l’on ne connaît pas, comme dans le sud de la France ou en Italie.
Pourquoi écoutez-vous de la musique bretonne ?
Des gens comme Dan ar Braz ou Alan Stivell, et la musique celtique d’une manière générale me permettent de me rappeler des moments bien précis de ma jeunesse. Cette musique me permet de prendre du recul sur le présent, prendre du recul par rapport à tout ce qui se passe autour de moi. La Bretagne, ce sont des endroits assez intimes, où il y a peu de grandes villes. Les paysages sont à la fois surprenants et différents. Le Finistère ne ressemble pas au Morbihan. Prendre le bateau pour aller à Groix, me promener à Larmor-Plage, Guidel ou Douarnenez font partie des choses que j’aime bien faire.
Même si vous n’hésitez pas à revenir souvent en vacances en Bretagne, vous aimez voyager. Quelle est votre destination préférée ?
Moscou. J’aime bien voyager dans des endroits bien différents de la France, où la culture est en elle-même une source de dépaysement, des endroits où je ne connais rien ni personne. Comme au Japon où je me suis déjà rendu. J’aimerais bien aller au Vietnam, aussi : il paraît que la population y est très accueillante. Quand j’ai fait six mois à fond dans le foot, j’aime vraiment me retrouver dans des lieux complètement différents de mon quotidien. Je ne recherche pas forcément des plages de sable blanc, j’apprécie aussi les destinations un peu plus “roots”.
Par : Tugdual Denis
Photo : Emmanuel Pain
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