un blog qui collectionne les articles et infos et donne des avis sur Yoann Gourcuff (né le 11/07/86)-------- Claude Cabannes (écrivain-journaliste) :J'aime le joueur Gourcuff. Il m'émeut par son élégance, son allure ,son port de tête ,on sent l'artiste en lui qui ne demande qu 'à s'exprimer .Il y a une certaine tristesse ,une retenue qui me touche .------------ bienvenue,willkommen,welcome--

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Ici,on parle de Yoann ,du club où il joue ,de foot,de L' OL ,de L' EDF, (et pour les autres , si vous le voulez ,on peut en parler dans les commentaires ) et bien sûr dans le respect des uns et des autres .
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très privée" de Yoann ,ni sur des publications qui l'évoquerait sur des suppositions ,des extrapolations ou pour autre chose que le versant sportif hormis les actions en faveur d'associations ou si les infos viennent de lui par le biais d'ITW(,girondins tv,oltv ,c+,..etc ,reportages médias ou public pour des actions diverses et variées ).
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mercredi 6 juin 2018

ITW Yoann via Ouest-France..son envie de jouer ..

  https://www.ouest-france.fr/sport/football/stade-rennais/football-yoann-gourcuff-la-suite-je-la-vois-sur-un-terrain-de-ligue-1-ou-l-etranger-5804648/amp?__twitter_impression=true

 Football. Yoann Gourcuff : "La suite, je la vois sur un terrain de Ligue 1 ou à l’étranger"


Yoann Gourcuff a quitté les supporters rennais sur une ovation à son entrée en jeu contre Montpellier, le 19 mai : "Avec eux, la relation a tout de suite été particulière."
Yoann Gourcuff a quitté les supporters rennais sur une ovation à son entrée en jeu contre Montpellier, le 19 mai : "Avec eux, la relation a tout de suite été particulière."
#Rennes - Recueilli par Benjamin IDRAC, à Saint-Raphaël (Var). Modifié le | Publié le

Au cours d’un très long entretien exclusif, d’une interview vérité, Yoann Gourcuff (31 ans) a accepté d’évoquer sa riche carrière, sa passion pour le football, sa vision du jeu, son lien au Stade Rennais. Livrant au passage sa très forte envie de continuer à jouer.

Comment définir le charisme et la sincérité ? On ne sait pas vraiment les expliquer, simplement les identifier lorsqu’ils cohabitent chez un même individu. Lundi après-midi, le charisme et la sincérité sont assis dans le jardin d’une maison du Sud de la France. Ils portent un tee-shirt de sport noir, tiennent un café main droite. En toute simplicité, ton posé, discours structuré, appliqué à choisir ses mots et à ne rien oublier, son fils assis sur ses genoux au départ, Yoann Gourcuff se raconte. Se résume. Deux heures plus tard, Maël a fini la sieste quand son père confie sa très grande envie de poursuivre sa carrière.
Quand est né le Yoann Gourcuff footballeur ?
D’après mes parents, depuis mon plus jeune âge, je suis attiré par les ballons et les balles de tennis. J’ai des photos de moi avec un ballon à 2 ans. (Sourire). Mes premiers souvenirs de foot me renvoient à mon père, dans le jardin où des fois, il m’apportait le ballon et on se faisait de petits échanges, de petites passes. Dans ma mémoire la plus lointaine, il y a aussi ces jours où il m’emmenait aux séances des joueurs du FC Lorient, qu’il entraînait. Dès que le ballon sortait du terrain ou de la zone de conservation, de jeu, je courais le chercher et je le ramenais (sourire). J’avais 5 ans, 6 ans… Parfois, j’échangeais même quelques passes avec des joueurs en fin d’entraînement. J’ai toujours été passionné par le sport et le foot est donc venu assez vite comme mon père baignait dedans.
Pourriez-vous décrire votre passion pure pour le jeu, enfantine et éternelle ?
Enfant, je regardais parfois les matches de foot avec mon père dans le canapé. Mon père avait des cassettes VHS de Pelé, je les visionnais avec plaisir (sourire). Mes amis d’enfance sont des personnes avec qui j’ai commencé le foot. On jouait au foot même en dehors des entraînements, on passait des week-ends entiers à jouer au foot chez les uns et les autres. Et puis chez mes parents, il y avait un mur. En semaine, le soir, je passais des heures à faire du mur, c’est-à-dire faire des passes contre le mur… Ou à jouer au tennis contre le mur, avec le même principe, taper contre le mur, raquette en main (rires). Et au foot, j’y jouais aussi à chaque récréation, à l’école primaire, à Lomener, où habite ma mère.

"Toucher le ballon m’intéresse énormément, me procure du plaisir depuis tout jeune"

Qu’est-ce qui vous attirait dans le foot ?
Le ballon (grand sourire). Le contact avec le ballon. Au tennis, j’étais passionné par la balle. J’y ai joué assez longtemps d’ailleurs. Tout ce qui est balle, ballon, être dans l’action, faire des choses en mouvement, manipuler, toucher le ballon m’intéresse énormément, me procure du plaisir depuis tout jeune. Par rapport au tennis, le foot avait en plus cette notion de sport collectif, cette possibilité de faire des passes à tes coéquipiers. Je me suis fait des copains tout jeune avec le foot, ça aide aussi.
Vous souvenez-vous de votre première licence ?
C’était à 6 ans, au FC Lorient, où j’ai fait toute l’école de foot, poussins, débutants… À 12 ans, j’ai intégré le centre de préformation de Ploufragan, mais je rentrais le week-end jouer avec mon club, le FCL. Et deux ans après, je suis arrivé au centre de formation à Rennes.

"Enfant, à Lorient qui était en D2, j’observais les joueurs et pour moi, c’était exceptionnel, irréalisable"

Avec déjà l’idée de devenir professionnel ?
À Ploufragan, j’avais connu une très bonne progression, mais ça me paraissait impossible d’être professionnel. Enfin, pas impossible, mais ça me paraissait très loin et très difficile. Déjà, Lorient qui était en D2, c’était un rêve. J’observais les joueurs et pour moi, c’était exceptionnel, irréalisable. En fait, c’est progressivement que l’idée du professionnalisme est arrivée. C’est quand j’ai débarqué au centre de formation à Rennes que j’ai commencé à sentir que je continuais ma progression et que je me rapprochais de cela, finalement. Mais être professionnel, ça n’a pas été une ambition, étant donné que ça me paraissait irréalisable, tellement énorme. Ça restait dans le domaine du rêve. J’ai mis du temps à me fixer cela comme objectif.

"Je pouvais aller en formation à Nantes ou Rennes et Patrick Rampillon m’a convaincu"

Vous avez intégré le Stade Rennais à 15 ans, avec alors votre père entraîneur des pros. Ce choix était-il une évidence ?
À la fin des deux années de préformation à Ploufragan, j’avais la possibilité d’aller soit à Nantes, soit à Rennes. Patrick Rampillon, directeur du centre de formation de Rennes, a réussi à me convaincre donc j’ai choisi le Stade Rennais. Ce n’était pas forcément une évidence de suivre mon père, c’est juste que Patrick Rampillon m’a convaincu. Et puis en rencontrant l’entraîneur des U15 à l’époque, Éric Atta, j’avais eu un très bon contact, un très bon feeling et d’ailleurs, ça s’est ensuite très, très bien passé avec lui. Ce qui a fait également la différence, c’est que j’avais des copains de Ploufragan qui partaient au centre de formation à Rennes. Romain Danzé, Sylvain Marveaux, Julian Pinard… et peut-être que j’en oublie… (Il marque un temps de réflexion). J’aimais bien, aussi, la structure du centre de formation, le bon équilibre entre la possibilité de faire beaucoup d’entraînements, d’avoir un investissement important pour ma passion, le foot, et la scolarité pas oubliée, adaptée par rapport au foot. Ça me permettait de poursuivre des études correctement avec la possibilité de passer le bac. On travaillait avec le CNED, des profs venaient au centre de formation nous donner des cours, on avait des classes peu nombreuses, donc c’était assez sympa.

"Le centre de formation, c’est une période qui m’évoque la sincérité, l’amitié entre coéquipiers"

Au centre de formation, vous avez noué des amitiés durables, il y a eu la victoire en Coupe Gambardella… Cette période correspond-elle à la plénitude ?
On avait une superbe équipe en Gambardella (remportée 4-1 contre Strasbourg en 2003, il avait ouvert le score), avec une très bonne ambiance. Je me suis fait beaucoup de copains durant la formation. Cette période m’évoque la sincérité, l’amitié entre coéquipiers. C’était la période des vraies valeurs du sport, du foot. C’était encore très sincère, très spontané, très collectif, finalement. (Silence). J’ai toujours des contacts avec Jimmy Briand, Arnold Mvuemba et à l’époque j’étais bien copain aussi avec Florent Chaigneau, Grégory Bourillon. Et puis juste après la formation, au tout début en pros, je me suis lié d’amitié avec Étienne Didot (sourire). Il m’a pris un peu sous son aile et on a vécu pas mal de bons moments ensemble.

"En jouant à 17 ans avec les Didot, Monterrubio, Briand, Bourillon, Källström, Utaka, Frei, Maoulida, Sorlin, Jeunechamp, j’avais des étoiles dans les yeux"

Quels souvenirs gardez-vous de ces débuts chez les pros, de la quatrième place en 2005, de la découverte de la Coupe d’Europe avec votre club formateur ?
C’était magnifique ! (grand sourire). Vraiment, pour moi, c’est une période de souvenirs magnifiques. Déjà, m’entraîner avec les pros à 17 ans, j’étais ravi. Alors intégrer le groupe pro, c’était génial. Mais en plus, jouer en pros à 17 ans, c’était carrément exceptionnel. J’avais des étoiles dans les yeux, j’étais vraiment heureux d’être dans cette équipe, de jouer dans ce stade… Ça a été beaucoup plus rapide que ce que j’avais imaginé quelques mois, quelques années auparavant. L’équipe jouait super bien, surtout à domicile. On n’était pas imbattables à la maison, mais j’ai le souvenir de très bons résultats, de souvent repartir de la route de Lorient avec la victoire, d’une belle osmose entre l’équipe et les supporters… D’une belle ambiance… De vivre de belles soirées de foot, ça jouait bien et ça gagnait. Je ressentais l’amour des supporters pour l’équipe, ils nous soutenaient vraiment. Et je ressentais aussi beaucoup d’affection, d’amitié, de bienveillance des supporters à mon égard, peut-être du fait d’être issu du centre de formation, d’avoir 17 ans, d’être breton… Dès mes premières apparitions au stade de la route de Lorient, la relation a été particulière avec les supporters. Et puis j’insiste, on avait une très belle équipe, de très bons joueurs, les Didot, Monterrubio, Briand, Bourillon. Avec tous ceux-là, je m’entendais en plus très bien. Et puis il y avait d’autres très bons joueurs, Källström, Utaka, Frei, Maoulida, Sorlin, Jeunechamp, et cætera

"À 20 ans, j’ai choisi d’aller dans le meilleur club au monde"

Et puis il y a eu le départ au Milan…
J’avais déjà fait trois saisons en pros à 20 ans, mine de rien, en étant le joueur le plus utilisé de l’équipe lors de la dernière saison. Une très belle saison pour l’équipe, pour moi. Du coup, j’ai eu la possibilité d’aller au Milan ou dans un autre club français, et j’ai choisi d’aller au Milan AC, le meilleur club du monde à l’époque, à 20 ans (sourire).

"Je ne regrette absolument pas le choix du Milan, bien au contraire"

Il fallait une certaine force de caractère pour partir au Milan…
J’y suis allé avec l’envie d’apprendre, de progresser, d’aller toucher le plus haut niveau, tout simplement. Les joueurs du Milan que je pouvais voir à la télé, c’était un peu des idoles, des exemples à suivre Donc pouvoir s’entraîner avec eux, je savais que ça allait me faire évoluer, beaucoup me faire progresser. Voilà pourquoi j’avais fait ce choix, que je ne regrette absolument pas, bien au contraire.

"Revenir à Rennes, ça voulait dire beaucoup de choses pour moi"


Revenir à Rennes en 2015, c’était revenir à une forme de simplicité
Oui et puis ça voulait dire beaucoup de choses pour moi de revenir à Rennes. J’en avais envie. Je revenais un petit peu chez moi, entre guillemets. Même si ce n’est pas chez moi, je m’y sens un peu comme à la maison. En y ayant été formé, j’avais gardé beaucoup de contacts sur Rennes connus lors de mon premier passage et qui en 2015 étaient toujours là-bas. J’avais un environnement sain, bienveillant vis-à-vis de moi, c’était très important pour moi, primordial. J’aurais pu aller dans plusieurs autres clubs, mais c’était rassurant d’aller à Rennes. Je connaissais l’environnement et je savais qu’il y avait de bons mecs chez les joueurs (Costil, Danzé, André, Gelson Fernandes).

"Ça aurait été un regret de finir ma carrière sans avoir été entraîné par mon père"

La bise de Christian Gourcuff à son fils, Yoann, le 7 mai 2017 lors de son remplacement contre Montpellier au Roazhon Park (1-0).
En deux saisons et demie, vous avez connu quatre entraîneurs… Comment avez-vous vécu ces différentes étapes ?
J’ai fait très peu de temps avec le coach Montanier. Ensuite, avec le coach Courbis, on a eu de très bons résultats, on a connu une très bonne période avant de craquer en fin de saison alors qu’on avait les qualités pour finir européens. Je me suis épanoui quand il m’a mis dans le couloir gauche, qui était juste une position de départ et de replacement, mais ensuite, j’avais la liberté de rentrer à l’intérieur du jeu. C’était une bonne idée, je me suis surpris à prendre du plaisir à ce poste dans ce système en 4-4-2 alors qu’au départ, je pouvais être sceptique d’être utilisé à ce poste. Dans le jeu, ma position embêtait l’adversaire car je n’étais pas vraiment sur le côté, donc si le latéral adverse venait sur moi, ça libérait l’espace sur le côté pour mon latéral, puis quand c’était un numéro 6 adverse qui me prenait, ça libérait un de nos deux milieux axiaux.
Votre père, Christian, a succédé à Rolland Courbis.
Avec mon père, c’était une expérience unique, émotionnellement très forte. J’ai plutôt fait une bonne saison avec lui comme coach, en 2016-2017. Mais après, avoir son père comme coach et avoir son fils comme joueur, ce n’est pas facile. (Silence). C’est dur car il y a un environnement, tout un contexte, le regard des autres… Des autres joueurs, des coéquipiers, des observateurs, des journalistes, et cætera… Mon père est connu pour être exigeant avec ses joueurs, mais il l’est encore plus avec son propre fils, ce qui se comprend, est normal et logique. On est toujours plus exigeant avec ses proches.
Et de votre côté ?
Moi, j’ai fait le maximum pour aider mon père, que l’équipe soit la plus performante possible. Chaque fois que j’ai été sur un terrain depuis tout petit, je me suis toujours donné à fond avec tous les coaches, mais en sachant que le coach était mon père, j’avais encore une petite force supplémentaire, un supplément d’âme. Ça m’a mis peut-être plus de pression, celle de réussir, d’être bon, mais ça m’a aussi donné plus de force pour me surpasser, pour faire encore plus le maximum pour l’équipe. J’insiste, c’était une super expérience. Ça aurait été un regret de finir ma carrière sans avoir été entraîné par mon père, donc je suis content et heureux de l’avoir fait parce que c’était vraiment quelque chose de fort, d’unique. (Silence). J’ai beaucoup souffert du départ de mon père et aussi de la façon dont ça a été fait. (Silence). Ensuite, j’ai connu le coach Lamouchi. Comme il remplaçait mon père, ça aurait pu être compliqué, mais j’ai découvert une bonne personne, ça s’est très bien passé avec lui, ça a collé, même si sur la fin, je n’ai plus beaucoup joué. Je ne crois pas avoir eu une seule blessure sous ses ordres. On avait des discussions franches, ça a été très transparent entre nous. Le coach Lamouchi, c’est une belle rencontre.

"Le coach Lamouchi, c’est une belle rencontre"

Sabri Lamouchi donne des consignes à Yoann Gourcuff avant son entrée en jeu à Bordeaux, le 17 mars 2018. Il marquera contre son ancien club le but du 2-0, score final.
Comment analysez-vous la cinquième place cette saison, à quoi répond-elle ?
Cette cinquième place, elle est magnifique pour l’équipe, les supporters, la ville (sourire). Il y eu cette superbe série, une défaite sur les quatorze derniers matches. Une bonne ambiance dans l’équipe, une bonne atmosphère entre joueurs, staffs médical et technique. Une ambiance détendue mais studieuse, aidée forcément par les résultats positifs. Un recrutement réussi, malgré les critiques en début de saison : Khazri, Traoré, Bourigeaud, Koubek… Un groupe sain. Tout le monde n’est pas copain, mais tout le monde se respecte. Pas ou peu d’états d’âme de joueurs. J’ai beaucoup aimé ce groupe, je m’y sentais bien, à l’aise. Un bon groupe au niveau de la qualité humaine comme footballistique. Pas d’ego surdimensionné, des joueurs intelligents qui savent mettre le collectif en priorité, respectueux du cadre mis en place par le coach et son staff, de bons mecs. Un groupe facile à vivre, en fait. L’installation des petits-déjeuners et déjeuners à la Piverdière a permis de passer du temps entre coéquipiers et même entre joueurs et staff, mais en dehors du terrain. Une bonne chose.

"J’aurais voulu poursuivre l’aventure au Stade Rennais, mais la direction a choisi de ne pas me garder"

Sabri Lamouchi avait émis dans la presse le souhait de vous conserver la saison prochaine, auriez-vous aimé étirer l’aventure au Stade Rennais ?
Ça s’est très bien passé avec le coach, avec son staff. Ça se passait bien avec l‘équipe, mes partenaires. Je me sentais bien, à l’aise. Je suis attaché au club, au stade, aux supporters, à la ville, à la région, donc oui, j’aurais voulu poursuivre l’aventure, mais la direction a décidé de ne pas me garder. Et puis le doc’ Rufin (Rufin Boumpoutou, médecin du club), avec qui j’ai une très bonne relation, était important aussi pour moi parce qu’il connaissait bien ma situation sur le plan physique, on avait un échange quotidien. C’était important de pouvoir lui confier mes ressentis, sensations.

"Contre Montpellier, j’étais déjà ému avant le match et un peu nostalgique"

Gourcuff à l'échauffement avant Stade Rennais - Strasbourg (2-1), le 6 mai 2018 au Roazhon Park.
Vous êtes pudique de nature et on vous a vu ému après le match contre Montpellier auprès du kop, une écharpe des ultras du Roazhon Celtic Kop autour du cou. Quelle est votre relation aux supporters rennais ?
Je me doutais que c’était mon dernier match contre Montpellier puisque le président (Olivier Létang) ne m’avait rien dit, je n’avais pas eu de discussion avec lui. Dès l’arrivée au stade, j’ai senti que c’était particulier parce que je me doutais que c’était ma dernière puisque le président ne m’avait pas parlé. Donc bien avant le match, au stade, j’étais déjà ému et un peu nostalgique. Je me suis remémoré beaucoup de moments vécus dans ce stade, dans ce vestiaire, sur ce terrain, que ce soit sur ces deux saisons et demie ou lors de mon premier passage. J’y ai pensé. (Silence). Concernant les supporters, j’ai toujours senti du soutien, de la bienveillance, du respect de la part des supporters, même dans des moments difficiles. J’aime les supporters rennais, les supporters bretons.

"Le président m’a appelé et annoncé que c’était terminé pour moi. Voilà. La conversation a été courte"

Que s’est-il passé, comment avez-vous su que vous n’étiez pas prolongé ?
Après le match contre Montpellier, le club avait organisé une petite soirée dans un restaurant du centre. À un moment donné, je suis en train d’échanger avec le coach Lamouchi quand arrive le président au milieu de la conversation. Le coach s’efface, donc le président me parle pour me dire qu’il souhaite me voir prochainement. Comme il savait que je partais dans le Sud dès le lendemain et que lui devait y aller aussi, on a convenu de s’y voir. Quelques jours après, il m’a appelé pour fixer un rendez-vous et une heure avant ce rendez-vous, il m’a envoyé un texto pour me dire qu’il avait une urgence, qu’il annulait. Encore quelques jours plus tard, il m’a envoyé un texto, un dimanche, pour me demander une disponibilité par téléphone. Je lui ai répondu, il m’a appelé et annoncé que c’était terminé pour moi. Voilà. La conversation a été courte.
Yoann Gourcuff lors du tour d'honneur au Roazhon Park après la dernière journée de championnat contre Montpellier (1-1), le 19 mai 2018.

"Je suis attaché à Rennes, j’y ai été formé, mon fils y est né…"

Rennes, ce sont huit ans de votre vie : que ressentez-vous pour le Stade Rennais, pour la ville ?
Revenir à Rennes après y avoir été formé, y avoir débuté en pros signifiait beaucoup pour moi, en plus d’être breton. J’ai beaucoup d’affection pour le Stade Rennais, beaucoup de souvenirs au stade, en ville, je suis attaché à Rennes. Je me sentais comme chez moi, comme dans une deuxième maison. J’ai beaucoup de copains, de connaissances en ville qui étaient déjà là lorsque j’ai commencé en pros, donc ça remonte (rires). C’était génial de partager des moments dans des restaurants, des cafés, des marchés… Rennes est une ville très agréable. Mon fils est né à Rennes. (Il porte le regard sur Maël, assis sur ses genoux). Ma famille se sentait très bien à Rennes. Les Rennais sont très respectueux. (Silence). Je suis heureux et très satisfait de la cinquième place, que les supporters se sentent heureux, fier. Etant formé ici, ça a beaucoup de valeur pour moi, même si le club a décidé de ne pas continuer avec moi. Je souhaite le meilleur aux joueurs, au coach, au staff, aux supporters pour la saison prochaine.
Yoann Gourcuff félicité Romain Danzé après avoir délivré une passe décisive à Benjamin Bourigeaud pour l'ouverture du score au Roazhon Park contre Metz (1-2), le 14 avril 2018.

"À 20 ans, j’ai fait partie de l’équipe qui gagne la Ligue des champions"

Quel rôle a joué le Milan dans votre construction comme joueur ?
Cette expérience a été incroyable, très enrichissante dans ma construction de joueur et d’homme. J’avais comme coéquipiers les meilleurs joueurs du monde, dont Kaka, ballon d’Or la saison où j’arrive. J’y ai côtoyé des hommes responsables, matures, pères de famille. J’y ai découvert et appris le métier de footballeur, sur le terrain et en dehors. Le sérieux, la rigueur, le professionnalisme, le très haut niveau. À 20 ans, j’ai fait partie de l’équipe qui gagne la Ligue des champions. Je suis titulaire en huitième de finale, je rentre en quarts de finale, en fin de match en demi-finales. Et j’ai fait partie de l’équipe qui gagne la Coupe du monde des clubs, la saison suivante. J’y ai beaucoup plus joué que ce que j’avais imaginé en y signant, j’ai progressé dans tous les domaines pendant ces deux saisons.

"Bordeaux, ce sont mes deux plus belles saisons"


Quand vous regardez dans le rétroviseur vos deux saisons bordelaises, qu’apercevez-vous ?
Beaucoup de sourires, beaucoup de bonheur, beaucoup de satisfactions, beaucoup de belles rencontres, joueurs, entraîneurs, dirigeants, salariés, supporters… Une alchimie, un puzzle complémentaire. Des gens à l’esprit collectif, intelligents. Beaucoup de belles émotions. La ville vivait avec le club, toute la ville supportait l’équipe. Ce sont mes deux plus belles saisons à titre individuel, un titre de champion, une Coupe de la Ligue gagnée et une finale perdue, un quart de finale de Ligue des champions, le tout en deux saisons.

"Lyon est un grand club, avec un grand président, même si on a parfois été en désaccord"

À Lyon, l’attente autour de vous n’était-elle pas trop grande par rapport aux conditions mises en place pour la réussite ?
Certainement l’attente était trop grande. Je suis un joueur qui s’inscrit dans un collectif alors que l’on attendait peut-être de moi que je résolve les problèmes. J’ai fait ce que j’ai pu, je me suis donné à fond. Il y avait un environnement qui n’était pas favorable. Malgré tout, j’ai fait le maximum pour l’équipe, le club. On a quand même gagné une Coupe de France. J’ai fait de bons matches, connu de bonnes périodes, mais j’ai eu peu de continuité à cause des blessures. Lyon est un grand club, avec un grand président, même si on a parfois été en désaccord.

"La Coupe du monde 2010 n’a pas répondu aux attentes que suscitait chez moi un tel événement"


Le 5 juin 2013, soit cinq ans jour pour jour, vous avez connu la dernière de vos 31 sélections en Bleu, contre l’Uruguay, avec Didier Deschamps. Quel regard portez-vous sur votre parcours en équipe de France ?
Mes débuts en équipe de France ont été magnifiques, la fin plus difficile. J’en garde de très bons souvenirs, surtout au début où ça avait superbement commencé. (Silence). La Coupe du monde 2010 n’a pas répondu aux attentes que suscitait chez moi un tel événement.
L’équipe de France et son attaque dévoreuse d’espaces peut-elle être championne du monde en Russie ?
Elle a beaucoup de qualités individuelles, de dynamisme, de vitesse, de talent. Si elle trouve le bon équilibre, alors oui, l’équipe de France peut être championne du monde. Je lui souhaite d’aller au bout.

"L’équipe de France peut être championne du monde, je lui souhaite d’aller au bout"

Cette Coupe du Monde, vous allez la vivre comment ? Attentif, distant ?
Je vais évidemment être très attentif à la Coupe du monde et surtout aux matches de l’équipe de France. Je vais vivre cela en famille, c’est un événement qu’on attend.
Combien vos entraîneurs respectifs ont-ils compté ?
Tous les entraîneurs ont beaucoup compté pour moi, m’ont fait progresser, appris des choses. Chacun avec sa sensibilité, sa conception du jeu. Je n’oublie pas non plus les éducateurs, les formateurs, qui m’ont appris le football.

"La célébrité ne m’intéresse pas. Je n’ai jamais cherché à être célèbre"

Il y a le rectangle vert et tout le reste. Quel sentiment vous évoque le milieu si singulier du football ?
Le football et son milieu ont beaucoup évolué ces dernières années, à l’image de la société. Il faut s’adapter, tout en restant soi-même, en étant respectueux de tout le monde. Et du jeu, et du foot. Il faut rester connecté aux raisons pour lesquelles on fait du foot depuis enfant, garder la passion pour ce jeu. Il faut rester concentré sur les choses que l’on maîtrise. Le terrain, les entraînements, la compétition. Le respect des coéquipiers, le respect du jeu, le respect du foot, des gens que l’on côtoie tous les jours au club, savoir vivre en collectivité, être dans le partage, dans l’échange, tout en restant soi-même. Le football doit générer une prise de plaisir au quotidien et permettre de vivre de bons moments avec les gens du club au quotidien, partager de belles émotions…
Comment définiriez-vous votre relation à la célébrité ?
Ça ne m’intéresse pas. Je n’ai jamais cherché à être célèbre. Je voulais juste faire de ma passion mon métier. Faire du football, être professionnel. Jouer le mieux possible pour une équipe, pour un club.

"Je n’aurais pas imaginé faire cette carrière-là. J’ai fait beaucoup plus et mieux que ce que j’avais imaginé"

Que ressentez-vous en observant votre carrière aujourd’hui ?
Quand je pense à mes rêves d’enfance, à mes rêves au centre de formation, je me dis que j’ai dépassé ces rêves-là. Je n’aurais pas imaginé faire cette carrière-là. J’ai fait beaucoup plus et mieux que ce que j’avais imaginé. Je ressens de la joie, de la fierté, de la satisfaction en observant ma carrière.
Comment imaginez-vous la suite ?
J’ai toujours l’envie de jouer, j’ai toujours la passion et je pense pouvoir apporter à des clubs de Ligue 1. Donc la suite, je la vois sur un terrain de Ligue 1 ou à l’étranger.
Comment définiriez-vous l’état de votre corps après quinze années de pratique professionnelle du football ?
Comme n’importe quel joueur entré dans la trentaine, je n’ai plus tout à fait les mêmes caractéristiques qu’en début de carrière. Mais j’ai une bonne hygiène de vie et je connais bien mon corps. Parce que j’ai envie de jouer, je m’en donne les moyens. J’ai enchaîné les semaines d’entraînements depuis novembre, sans pépin physique. Même après quinze ans de pratique professionnelle du football, je me sens apte à continuer à jouer, en professionnels, en première division française ou à l’étranger. Avec mon expérience, ma maturité et mon vécu, je peux continuer à donner "un coup de main" à des clubs.

"Pour le moment, entraîner ce n’est pas d’actualité. J’ai toujours l’envie de jouer. Ensuite, je verrai bien si j’ai envie"

Yoann Gourcuff au Roazhon Park lors de la photo officielle de la saison 2017-2018.
Votre capacité d’analyse, notamment à chaud, a toujours été saluée. Ce qui ressemble à un boulevard vers le métier d’entraîneur…
Pour le moment, ce n’est pas d’actualité car j’ai toujours l’envie et la passion pour jouer au foot. Ensuite, je verrai bien si j’ai envie de me lancer dans une carrière d’entraîneur.

"J’aimerais que l’on retienne que je suis un enfant du Stade Rennais et un Breton…"

Que voudriez-vous que l’on retienne de vous à Rennes ?
(Longue réflexion). C’est difficile pour moi de répondre à cette question… C’est toujours compliqué de parler de soi et notamment quand on est pudique, comme moi. (Silence). Je ne veux pas qu’on me mette trop en avant. (Silence). Si toutefois l’on devait retenir quelque chose de moi à Rennes, j’aimerais que l’on retienne que je suis très attaché au club. (Il cherche ses mots). Mon humilité, ma discrétion, mon enthousiasme et ma passion pour le football. Mon esprit collectif sur un terrain. (Silence). Le respect que j’ai pour tout le monde au sein du club. Mais surtout, j’aimerais que l’on retienne que je suis un enfant du Stade Rennais et un Breton…

"Ma satisfaction aujourd’hui est que les images de ma carrière existent et que mon fils pourra les regarder un jour"

Est-ce important de laisser une trace ?
Quand tu as un fils et que tu sais combien les petits garçons sont attachés au foot, l’idée que des choses existent concernant ma carrière est hyper importante. Si mon fils choisit de suivre les pas de son grand-père et de son père, et ce sera à lui de choisir, je ne lui imposerai rien, il verra que son papa a fait mieux que ce dont il rêvait enfant. J’ai eu une carrière riche avec des titres, en ayant joué dans de très bons clubs, avec beaucoup de belles émotions, plein de beaux souvenirs, et ma satisfaction aujourd’hui est que ces images existent et que mon fils pourra les regarder un jour.

"Moi, je ne suis pas un attaquant, je suis un milieu de terrain"

Quel est votre poste de prédilection, aujourd’hui ?
Moi, je ne suis pas attaquant, je suis milieu de terrain. J’aime bien avoir plusieurs possibilités de passes devant moi pour tenter de surprendre l’adversaire, de le déséquilibrer. Je peux jouer dans tous les systèmes, dans des positions différentes, mais j’ai besoin d’avoir souvent le jeu de face. Je suis un milieu de terrain qui a plus d’aptitudes offensivement avec le ballon que sans. J’ai besoin d’avoir une certaine liberté d’expression et de mouvement pour me sortir du marquage, de la densité de l’adversaire pour essayer de poser des problèmes par mon positionnement. Il faut que je sois le moins possible dos au jeu.
Êtes-vous un joueur de football de possession ?
Aujourd’hui, c’est possible. C’est ma préférence, mais on ne peut pas toujours jouer comme ça. Il faut savoir alterner attaques placées et attaques rapides. À Bordeaux, on était capables de ne pas avoir le ballon, de faire un gros pressing. On allait chercher très haut et on contrait parfois. Mais on cherchait quand même à avoir la possession. Aujourd’hui, je peux aussi évoluer dans une équipe de contre, mais il faut que je sois plus bas, au départ de l’action, et non pas que ce soit moi qui fasse l’appel en profondeur.

"Voir avant les autres, c’est anticiper un petit peu sur ce que va penser et faire l’adversaire"


"Voir le jeu avant les autres." C’est une phrase toute faite. Mais que signifie-t-elle pour vous ?
J’ai intégré cette notion au centre de formation à Rennes, voire même au centre de préformation à Ploufragan. Voir avant, c’est voir plus vite, prendre l’information plus vite. C’est essayer d’anticiper, sur le temps de passe l’action d’après, voire l’action encore suivante. C’est avoir un temps d’avance sur l’adversaire, créer la surprise, le déséquilibre. Voir avant les autres, c’est savoir où sont placés coéquipiers comme adversaires, et essayer d’imaginer, d’anticiper déjà sur le temps de passe, ce que les partenaires sont susceptibles de faire comme appels/mouvements pour déséquilibrer le bloc adverse et mettre le doute chez l’adversaire. Voir avant les autres, c’est anticiper un petit peu sur ce que va penser et faire l’adversaire, mais aussi les coéquipiers. Avoir un temps d’avance, ne pas se concentrer exclusivement sur l’action qui est en train de se dérouler, le ballon que l’on est en train de recevoir, mais déjà de se projeter sur une seconde ou deux après, sur ce que je vais faire de ce ballon, anticiper si un adversaire va sortir ou non sur moi. Ça demande une bonne maîtrise du ballon.

"Plus ça va, moins il y a d’espaces dans les équipes, donc ça devient de plus en plus difficile pour le numéro 10 à l’ancienne"

À cause des évolutions tactiques, des centres de formation, le numéro 10 classique (Maradona, Hagi, Baggio, Riquelme…) est-il en voie de disparition ?
C’est vrai que c’est un profil que l’on voit de moins en moins, ou qui réussit de moins en moins. Peut-être qu’il y en a beaucoup en jeunes, mais qu’ils ne sortent plus. Peut-être qu’on préfère d’autres styles de joueurs, je ne sais pas. Numéro 10 à l’ancienne, c’est un style particulier. Ce ne sont pas des mecs qui vont très vite, mais ils sont à l’aise techniquement, font jouer les autres, essayent de trouver des espaces pour se positionner, être à l’aise avec le ballon, souvent face au jeu pour poser problème au bloc adverse, mettre le doute, créer l’inconfort, le déséquilibre dans le système de l’adversaire. Plus ça va, moins il y a d’espaces pour jouer, donc ça devient de plus en plus difficile pour ce type de joueur. Ces dernières années, ce style de joueur a parfois changé de position sur le terrain en étant plus bas, plus reculé. Souvent, ces joueurs ont besoin d’espaces. Il y a quelques années, ils pouvaient plus facilement s’exprimer parce qu’ils avaient le temps et l’espace pour. Aujourd’hui, avec les lignes resserrées, peu d’espaces, un bloc compact, avec un jeu qui va plus vite, un jeu de transitions, des fois ces joueurs-là peuvent moins s’exprimer.

"Le beau jeu, c’est le jeu où il y a une harmonie, comme si les joueurs pouvaient être dans la tête des uns et des autres"

Quelle est votre définition, du beau jeu ?
Le beau jeu, c’est le jeu où il y a une harmonie, une relation, des automatismes, une complicité, une complémentarité, une connexion entre les joueurs, une équipe où les échanges se font sans se regarder, comme si les joueurs étaient connectés les uns avec les autres, comme si les joueurs pouvaient déjà être dans la tête des uns et des autres pour savoir quel déplacement ils vont faire. Avec des joueurs qui pensent de la même façon le jeu dans l’action. Ce sont des connexions, une intelligence de jeu commune, des complicités poussées, un peu le Barcelone de Guardiola. C’était exactement ça. C’était incroyable. Le jeu de possession, la fluidité, l’espace-temps… Ils gardent le ballon, l’adversaire n’y va pas au début, mais au bout d’un moment il en a marre de courir après le ballon et il a l’impression de pouvoir récupérer. Au fur à mesure, il a moins de patience qu’au début du match, il commence à être aspiré et il va de plus en plus proche du joueur au pressing et quand il se rapproche proche du joueur, il libère un espace. Cela joue ensuite dans cet espace libéré. C’était le Barça de Xavi, Iniesta, Messi, Busquets, Dani Alves, Abidal… C’était incroyable. Mais après, le beau jeu, il faut que ça amène des résultats, donc il faut de l’efficacité.

"Produire toujours du beau jeu, ce n’est pas possible, donc il faut savoir gagner aussi avec d’autres moyens"

Yoann Gourcuff lors de Stade Rennais - Strasbourg (2-1), le 6 mai 2018 au Roazhon Park.
Le beau jeu est-il une cause ou une conséquence ?
Je ne sais pas. (Longue réflexion). Normalement, en produisant du jeu, tu as plus de chances de gagner le match, mais ça ne garantit pas grand-chose non plus. Il y a aussi beaucoup d’équipes aujourd’hui qui procèdent en contre-attaque, qui laissent le ballon. Tu as l’impression que tu maîtrises les choses, que tu domines l’adversaire, mais tu perds : un ballon en profondeur, un contre, 1-0, et tu perds. Et dans une saison, tu ne peux pas toujours gagner les matches en jouant très bien. Il y a forcément des périodes où tu n’arrives pas à bien jouer, à mettre en place ton jeu. Parfois, il y a des adversaires qui arrivent à te presser, qui arrivent à t’empêcher d’exprimer le jeu d’équipe, ou/et parfois les joueurs de l’équipe sont moins bien connectés entre eux, ont moins d’automatismes, moins de confort dans le jeu, plus de situations de duels, une difficulté à mettre du rythme dans le jeu. Produire toujours du jeu, ce n’est pas possible, donc il faut savoir gagner aussi avec d’autres moyens, s’adapter, gagner sans faire le jeu idéal.

"À partir du moment où le joueur prend du plaisir à faire sa passion, on peut stimuler la créativité d’un joueur"

Peut-on travailler, stimuler la créativité d’un joueur ?
Oui, je pense, à partir du moment où le joueur prend du plaisir à faire sa passion, courir, le dépassement de soi, toucher le ballon, des jonglages, des gestes techniques, à faire des gammes, des passes, des contrôles de la semelle par exemple, etc. Pour stimuler la créativité d’un joueur, il faut cette notion de plaisir, elle va développer l’envie de continuer à s’entraîner, d’en faire plus, de progresser. Plus il va toucher le ballon, plus il va sentir sa capacité à faire des choses de plus en plus intéressantes et ça, c’est ce qui va le pousser vers la créativité. Sentir la progression au fur et à mesure de toucher le ballon, au fil des séances. Se sentir de plus en plus à l’aise avec le ballon lui permettra d’être moins concentré sur ce dernier qui arrive sur le pied et de pouvoir déjà se projeter, anticiper, penser à l’action d’après, à la position de ses partenaires et adversaires. La maîtrise du ballon lui apportera de la sérénité. Il faut trouver le moteur du joueur pour stimuler sa créativité, et que l’entourage dans le club où dans sa famille l’encourage dans ce processus pour aider le joueur. S’il est passionné, s’il aime le contact du ballon, il faut qu’il reste connecté dans ce pourquoi il fait du football depuis l’enfance.

"Pour exprimer son talent, il faut quand même un minimum de physique. Mais au-delà du talent et du physique, il y a autre chose. L’intelligence de jeu, le respect de ce que je le jeu demande va aussi avec le talent"

Le talent battra-t-il toujours le physique ?
(Longue réflexion). Le talent a plus de chances de vaincre face au physique, mais pour exprimer son talent, il faut quand même une base de physique, "les fondations". Une base qui permette d’être professionnel, d’être dans le haut niveau, donc le physique n’est pas primordial, mais important. Pour pouvoir exprimer ce talent, il faut être opérationnel physiquement, au point parce que si tu n’es pas physiquement prêt, tu pourras moins facilement ou plus difficilement exprimer ce talent. Le talent reste le même, mais il peut plus facilement s’exprimer en fonction du physique. Avec le physique sans talent, avec l’intelligence, tu peux réussir aussi à faire de belles choses, mais si tu as le talent avec une base de physique, avec l’intelligence, a priori, il y a plus de chances que ça batte le physique strict. Après, il n’y a pas que ça. Il y a l’envie de respecter le jeu, de donner le ballon au bon moment, dans le bon timing et pas de tirer la couverture à soi. L’intelligence de jeu, l’intelligence de déplacement, l’intelligence dans le mouvement, l’anticipation, le respect de ce que je le jeu demande va aussi avec le talent. Parce sans cela, le talent, ça veut dire quoi ? Une équipe, c’est une somme d’individualités qui ont parfois du talent, donc pour gagner, vaincre, il faut réussir à créer un puzzle, des complémentarités, des complicités, des automatismes, une sensibilité commune ou proche, pour qu’en additionnant les qualités de chaque joueur, la somme puisse faire des différences et être supérieure à celle de l’adversaire.
Notre reporter, Benjamin Idrac, lundi dans le Sud de la France, en compagnie de Yoann Gourcuff.

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