Les moins
Évacuons un petit malaise : sur le premier but de l’équipe des Bleus, est-ce que Rémy (buteur) et Benzema ne sont pas un poil hors-jeu ? Un mètre en off-side ? Il semblerait que oui… Ce qui expliquerait qu’il n’y avait pas erreur de Chivu, pris de vitesse ensuite par l’attaquant marseillais, mais plutôt un juste placement du défenseur intériste pour piéger Rémy et Benz. Pas touche à Chivu : Chivu est Grand ! Mais le but a été validé : tant mieux pour les bleus. Deuxième hic : la reprise sur le poteau de Lloris par Sapunaru sur centre de Deac (71ème). Le score était encore de 0-0 et le hold-up à la biélorusse était en vue… Troisième larsen : Malouda « absent », décevant. OK, à Chelsea, il a un Ashley Cole en soutien dans son couloir, alors qu’en équipe de France, c’est Clichy, soit la classe au-dessous… Demi-déception : Benzema pas décisif. Piégé en hors-jeu parce que trop speed. Beaucoup de décrochages : certains étaient intéressants quand il reculait et que Nasri prenait alors la profondeur. Sauf que d’autres décrochages laissaient un vide devant… Il s’est aussi pas mal déporté dans le couloir gauche où il a combiné, et joué en soutien dans les 30 derniers mètres. Donc bilan pas si négatif. Mais alors à quoi sert d’avoir un N° 9 « de soutien » en équipe de France, que ce soit avec Raymond ou avec Lolo ? Et c’est pas fini ! Aucun pressing des attaquants français sur la défense roumaine. Incroyable ! Et rageant… Tamas et Chivu dédoublaient tranquillos à partir de leurs 16 mètres et remontaient la chique jusque dans la moitié française sans être attaqués… C’était flagrant en première mi-temps, ce le fut encore en seconde. Pour un match à gagner absolument en prenant l’adversaire à la gorge, il y a quelque chose qui nous échappe encore…
Quoi d’autre ? Un manque de rythme général, manque de tempo, beaucoup de transmissions lentes à plusieurs touches individuelles. Peu de centres, dont la plupart ratés ou pas dangereux… D’ailleurs, l’apport offensif des latéraux n’a pas pesé très lourd… Mini-débat : la condition physique pas terrible des Tricolores passée l’heure de jeu. Laurent Blanc affirme que ses joueurs étaient plus frais sur la fin et que c’est ce qui a fait la différence. Ah, bon ? Ce sont plutôt les trois remplaçants (Rémy Gourcuf et Payet) qui ont re-dynamisé l’équipe, pas ceux qui avaient commencé la partie et qui avaient baissé de pied. La preuve : à l’entame de la dernière demi-heure, les Roumains ont commencé à s’installer dans le camp français et se sont procuré quelques actions sérieuses, dont le poteau de Sapunaru. Sur ce temps fort roumain, les Français avaient dangereusement reculé. A tel point que le bloc des Jaunes était remonté plus haut, à hauteur de la ligne médiane : c’est ce qui perdra les Roumains qui avaient laissé 40 mètres de profondeur dans leurs dos… A ce propos, Lolo Blanc n’a-t-il pas trop tardé pour exercer son coaching ? Rémy qui entre à la 68ème, ça allait. Mais Gourcuff à la 73ème, alors que Nasri, Benz et Malouda avaient déjà disparu des écrans radars… Bizarrement, à plusieurs moments on a senti qu’il manquait quelqu’un au milieu, un métronome qui gère les mouvements, « assume » les temps faibles et initie les temps forts : Abou Diaby, bien sûr ! Donc excuse recevable pour les Bleus, privés de « l’homme qui monte »… Enfin, redire que cette équipe roumaine pas si mauvaise que ça n’était vraiment pas un foudre de guerre. Sans un grand Chivu qui tient la barque tout seul derrière, le tout est hyper friable…
Les plus
Alors, mauvais, les Bleus ? Non. Une équipe nouvelle se reconstruit. Elle joue encore par à-coups, incapable pour le moment d’imprimer durablement son tempo et son emprise à la manière des grosses sélections. La Roumanie aurait pu décrocher le 0-0 qu’elle était venue chercher en endormant le match, en faisant tourner devant des Tricolores souvent passifs. Il faudra quand même attendre la 39ème pour voir le premier tir cadré pour la France par Valbuena… Reste que les Bleus arrivent à se procurer régulièrement des bonnes occases assez ou très nettes. Souvent durant des temps forts où elle sait acculer l’adversaire. Rapidement, quelques actions fortes… Une reprise de Malouda, trop excentrée aux 6 mètres qui passe de peu à côté sur un bon service de Nasri (18ème), une tête de Diarra au-dessus sur centre de Samir (28ème), une superbe frappe enroulée de Benz qui lèche le poteau extérieur (40ème), une tête dangereuse de Mexès sur corner bien stoppée sur plongeon de Pantelimon (49ème), un tir de Valbuena repoussé d’une manchette sur la barre (56ème), un déboulé de Nasri qui shoote seul face au gardien qui repousse (58ème)… Pas mal du tout. Avec les entrées successives de Rémy (pour Valbuena, 68ème), Gourcuff (pour Nasri, 73ème), puis Payet (pour Benzema, 86ème), l’intensité est montée d’un cran et les Bleus ont fini fort. Un premier but de Rémy (qui réussit ce que Djib Cissé rate 4 fois sur 5), une tête fastoche ratée, toujours Rémy (86ème) et enfin la délivrance, grâce à un deuxième raid incisif de Dimitri Payet côté droit, qui offre un but à Gourcuff (90ème + 3). Petit regret : on aurait aimé voir Gourcuff et Nasri évoluer ensemble. Ceci dit, avec un 0-0 persistant, on comprend que Lolo n’avait pas trop envie de s’amuser à « expérimenter » des combinaisons aléatoires…
Une victoire, trois points, une place de leader du groupe, un public satisfait et heureux (aucune moquerie : c’est la vérité), un match contre le Luxembourg qui devrait renforcer les Bleus en tête en cas de victoire plus que probable. Un bon état d’esprit, la bonne attitude : oui, un groupe est en train de naître, de se créer. Constat tarte à la crème dans la foulée d’une victoire qui fait plaisir ? Pas du tout. Car ce quatrième match de l’ère Blanc a sans doute envoyé en enfer (et pour toujours ?) tout un paquet « d’anciens » : Evra et Abidal ? Plus grave pour lui : Toulalan. Qui peut aujourd’hui prétendre que Toul reviendra en titulaire chez les Bleus ? Djib Cissé semble out lui aussi pour longtemps (pour toujours ?). Allons plus loin… Sagna est clairement menacé : Réveillère a été correct, pas plus génial que Baky mais bien « dans la place ». Idem pour Clichy, lui aussi en danger : Aly Cissokho, voire Trémoulinas, seront à coup sûr essayés. Nuages noirs aussi pour Lass Diarra : Alou Diarra, Mvila, Diaby, voire Matuidi, ça commence à faire beaucoup de concurrents pour Lass, qui ne joue pas trop au Real… Enfin, on peut commencer à spéculer sur le cas Ribéry. Francky a une chance énorme que Malouda déçoive, sinon pour lui aussi, plus aussi irrésistible qu’avant avec le Bayern, la fin en Bleu commençait à poindre…
Voilà. Bilan globalement positif, la reconstruction est en marche et les Bleus sont sur la bonne voie. Mais il manque encore ce qui fait la force des grosses sélections : une culture tactique commune. Un système de jeu sur lequel on s’appuie quelles que soient les circonstances, surtout quand l’adversaire se fait plus pressant et que les Bleus reculent, subissent et frôlent le point de rupture. Psychologiquement, on sent un Groupe France encore friable d’où n’émergent pas encore de vrais leaders, hormis peut-être Alou Diarra, justement nommé capitaine. Chaque jour qui passe depuis sa nomination valide le constat implicite initial de Laurent Blanc. Un constat que beaucoup n’ont pas toujours pas saisi : en foot, la France est vraiment devenue une puissance moyenne. Revenir au top prendra du temps. Cette équipe de France ira à l’Euro. Quant à ce qu’elle y fera…
Chérif Ghemmour(sofoot)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire