Dans la famille Gourcuff, le père et le fils ont attrapé le même virus. Le père, Christian, entraîneur de Lorient, n'est plus à présenter. Le fils, Yoann, joueur à Rennes, bientôt plus. Depuis son apparition sur les terrains de L1 il y a un an, Yoann Gourcuff laisse entrevoir les prémices d'une belle carrière. Milieu de terrain polyvalent, il est doté d'une technique et d'une vision du jeu bien au-dessus de la moyenne. Le « fils de », en pleine phase d'émancipation, est en train de se faire un prénom.
Baigné dans un environnement où le ballon rond est forcément sacré, Yoann Gourcuff est tombé très jeune dans le bain de l'univers footballistique : « Mon père m'a amené en jour à l'entraînement avec lui. J'avais sept ans et ça m'a beaucoup plu. J'ai attrapé le virus ». Jusqu'à quatorze ans, le jeune Yoann fait ses classes à Lorient comme un élève doué avant de virer du côté de Ploufragan dans les Côtes-d'Armor pour deux ans de préformation. Lorsqu'il a 16 ans, papa Gourcuff est appelé au chevet du Stade Rennais pour tenter de redorer le lustre du club breton qui rêve d'Europe. Courtisé par plusieurs clubs pros, le gamin atterrit pourtant à Rennes dans les valises de son père, qui l'aurait bien vu poursuivre son cursus du côté de Nantes. « Rennes a eu un discours plus séduisant. Ils ont montré plus d'intérêt que les autres. Dans ma tête c'était donc clair ». Au centre de formation, il s'éclate avec les Faty, Bourillon, ses futurs coéquipiers chez les pros. Sa formation auprès de Patrick Rampillon atteint son point d'orgue avec la finale de la Coupe Gambardella 2003. Rennes bat alors Strasbourg en finale (4-1) et il se révèle avec un but splendide sur coup franc. L'histoire a aussi noté que Christian Gourcuff faisait partie de la dernière équipe rennaise à avoir remporté ce trophée trente ans auparavant. Au centre de nombreuses convoitises de la part de clubs étrangers (Arsenal, Ajax...), il débute la saison suivante en CFA à Rennes avant qu'on lui propose d'intégrer le groupe pro pour un match amical. « Patrick Rampillon est venu me voir un soir dans ma chambre pour me dire que j'allais jouer un match amical avec l'effectif pro (contre Niort). Par la suite, on m'a appelé de plus en plus souvent pour participer à l'entraînement. Mon intégration a été progressive ».
Son arrivée chez les pros coïncide avec les bons résultats du club, Rennes finit la saison très fort passant de la 14e à la 8e place. « C'est vrai que d'arriver dans une bonne période m'a aidé. C'était le bon moment. Tout allait bien, l'équipe tournait à plein régime » se souvient-il. Comme un coup du sort, pour son premier match, le 7 février 2004 contre Auxerre, il remplace Cédric Barbosa à la 77e minute. Ce même Barbosa se blessera sérieusement en juillet et laissera une place vacante au milieu du terrain. A l'inter-saison, Laszlo Boloni lui réitère donc sa confiance en lui affirmant qu'il compte beaucoup sur lui. Il n'en fallait pas tant pour que le fils Gourcuff s'engouffre dans la brèche. « Je devais saisir ma chance » confie t-il. Au milieu, Etienne Didot, le défensif, Kim Kallström, l'offensif, et Yoann Gourcuff, le polyvalent, forme un triumvirat équilibré, dynamique et capable de maîtriser les vents.
Avec onze matches (4 titularisations et 7 remplacements) en treize journées, Yohann est sur une voie toute tracée. Son endurance, son aisance technique et sa formidable vision du jeu ont déjà fait mouche. Mais pour gagner sa place et devenir un titulaire indiscutable, il sait ce qu'il lui reste à accomplir : «Je dois rendre mon jeu plus rapide, jouer en deux-trois touches de balle seulement. Je dois aussi apprendre à terminer les actions quand je me retrouve en phase offensive. Défensivement, il faut que j'évite de me faire éliminer trop facilement et de ralentir le jeu» reconnaît-il volontiers. Quand on a un père qui fait partie des plus grands techniciens du football français, on ne manque évidemment pas de conseils avisés : « Il me dit surtout de me lâcher davantage. Je dois me libérer et surtout ne pas perdre de ballons ».
Son bon début de saison en fait une cible parfaite pour l'équipe de France espoirs. Il avoue pourtant n'avoir reçu à ce jour aucune nouvelle de René Girard, le sélectionneur. « Je n'ai pas d'écho pour l'instant. Si je continue comme ça, j'ai bon espoir d'être appelé avant la fin de l'année ». Bien ancré dans le milieu depuis sa tendre jeunesse, Yohann sait garder les pieds sur terre. Son plan de carrière n'est pas déjà écrit, ce qui l'aide à relativiser et à gérer la pression : « Je ne me projette pas dans le futur. La réussite d'un joueur dépend de tellement de paramètres. Mon seul souhait est de jouer un maximum de matches avec le Stade Rennais. J'ai envie de progresser afin de devenir un joueur important dans le groupe ». Sous contrat jusqu'en juin 2007 avec le club breton, Yoann Gourcuff a donc tout le loisir de penser plus sérieusement à la Liga espagnole où il aimerait évoluer un jour.
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