Avec une infinie patience, Rennes a tout fait pour que la carrière du joueur de 29 ans abandonne sa trajectoire en dents de scie pour un cours plus linéaire et ascendant. «C’était un bon choix, un choix raisonnable» de revenir à Rennes, estime le joueur dans une longue et rare interview au magazine «Bretons», dans son édition d’avril.

"Plus familial"
Pendant l’été, il avait rencontré chez lui Mikaël Silvestre, conseiller du président rennais, et l’entraîneur d’alors, Philippe Montanier. «Ils sont venus pour me convaincre, mais cela s’est fait à la cool. Il faisait beau, on était dehors dans le jardin. Le coach Montanier revenait de vacances, il était détendu», poursuit Gourcuff.
«Je voulais être sûr de pouvoir rejouer au foot un jour avant de prendre la moindre décision», explique-t-il.
Le diagnostic enfin posé mi-août d’une fracture au sésamoïde, un petit os du pied, par le Dr Olivier Fichez, rhumatologue dans le Var, débloque la situation et permet à Gourcuff de rejoindre Rennes dans des conditions idéales.
«A Rennes il est beaucoup mieux qu’à Lyon. C’est plus familial, c’est son univers», assure le Dr Fichez.

Il a commencé alors un lent travail de réathlétisation avec le kiné du club, Gregory van Overschelde. «L’idée, c’est toujours de trouver la bonne balance entre faire et ne pas faire, entre la douleur normale et celle qui ne l’est pas», avait confié le kiné début janvier, louant un joueur «qui connaît très bien son corps», «à l’écoute du moindre conseil, du moindre détail».
Un podologue lui a également dessiné des semelles adaptées et son équipementier Puma, des chaussures spéciales. Même ses coéquipiers ont été aux petits soins, le «ménageant un peu» lors des entraînements, selon Sylvain Armand: «Normal, il avait galéré quand même pas mal de temps.»
Finalement, le 9 janvier, la libération: Philippe Montanier lance Gourcuff sur une pelouse de Ligue 1 après huit mois d’inactivité.

Avec Courbis, "c’est vivant"
Le changement d’entraîneur mi-janvier n’a pas perturbé le joueur. Avec Rolland Courbis, «c’est vivant, c’est dynamique». «On ne s’ennuie pas. Il a pas mal d’humour. Ce qui a permis qu’il me fasse une très bonne impression lorsque je l’ai rencontré cet été, c’est sa véritable passion pour le foot», explique Gourcuff.
Quant à Courbis, il est... superstitieux. «Je le vois s’améliorer régulièrement mais je touche toujours du bois, parce que, quand on a eu des pépins pendant 5 ans, c’est pas en 5-6 semaines que je vais être rassuré», avoue le technicien.

Pour le moment, tous les voyants sont pourtant au vert. Placé milieu gauche dans le 4-2-3-1 de Courbis, Gourcuff est moins exposé aux duels et retrouve tout son sens du jeu et son efficacité comme le montrent ses deux buts à Marseille (victoire 5-2).
Dimanche, à Nice, il disputera son neuvième match avec Rennes, avec une Coupe d’Europe en ligne de mire.
Et si les douleurs n’ont pas totalement disparues, l’international français, devenu papa mercredi d’un petit Maël, peut se projeter vers l’avenir, laissant filtrer des signaux qui font espérer une suite à cette belle aventure commune.
«Je me sens serein dans ce club», confie-t-il à Bretons. «Il n’y a pas d’histoire bizarre. L’environnement est sain. Et pour moi, vous l’aurez compris, c’est important.»